ÉTENDRE la durée de validité d’une ordonnance de lunettes et de lentilles de 3 à 5 ans permettrait-il de réduire les délais de consultation dans les cabinets ? Le syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) dit non. Cette disposition, inscrite dans un amendement au projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs (dite « loi Lefebvre »), a été adoptée par les sénateurs en première lecture le 22 décembre 2011. Depuis, le SNOF ne baisse pas la garde en prévision du retour du projet de loi à l’Assemblée nationale fin février.
Premier motif de mécontentement, le texte a été examiné par une commission économique, non sanitaire ou sociale. « Démédicaliser la filière oculaire au mépris des principes fondamentaux de santé publique n’est pas la solution. En inscrivant dans la loi une durée de validité de l’ordonnance de 5 ans, le législateur abandonne le dépistage précoce des maladies oculaires au profit du commerce d’équipements optiques », dénonce le président du Syndicat, le Dr Jean-Bernard Rottier.
Selon l’ophtalmologiste, c’est l’intérêt des patients, plus que celui de la profession, qui est menacé. « Ce vote est un non-sens sur le plan sanitaire », poursuit le Dr Rottier. Il rappelle que 36 % des patients venus consulter pour obtenir ou renouveler une ordonnance ont présenté, au dépistage, un autre problème médical.
Si la validité des ordonnances peut être discutée, la logique médicale, et non commerciale, doit primer, insiste-il. Le SNOF suggère, sur la base d’études internationales, des durées de validité variant selon l’âge (une visite tous les ans jusqu’à 6 ans, puis selon les indications de l’ophtalmologiste jusqu’à 40 ans, puis tous les 2, 3 ans). Enfin, 2 pistes permettraient de réduire considérablement les délais d’attente, préconise le syndicat représentatif : le doublement du nombre d’internes en ophtalmologie, et le développement de la délégation de tâches au sein des cabinets. Les orthoptistes qui devraient être 4000 de plus en 2025 pourraient se voir confier 10 millions d’actes supplémentaires.
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