DANS UN ÉDITORIAL du bulletin « Eurosurveillance », P. L. Lopalco et M. Sprenger, du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) s’alarment de la résurgence des cas de rougeole en Europe. « L’élimination de la rougeole et de la rubéole est l’objectif que doivent atteindre tous les pays Européens d’ici à 2015, rappellent-ils. Toutefois les dernières tendances épidémiologiques ne vont pas dans ce sens. » Au cours des 8 premiers mois de l’année 2011, 28 000 cas de rougeole ont été notifiés, dont un tiers ont nécessité une hospitalisation. La rougeole a déjà tué 8 personnes et est à l’origine de 22 complications neurologiques.
On est donc loin de l’objectif d’élimination, dont l’échéance avait d’abord été fixée à 2010 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avant d’être repoussée à 2015.
L’insuffisance de la couverture vaccinale (10 % plus faible en moyenne que les 95 % requis pour les deux doses du vaccin) risque, comme en 2010, d’être un frein à la réussite de la stratégie vaccinale. Un des obstacles majeurs réside, selon P. L. Lopalco et M. Sprenger, dans la mauvaise perception du vaccin ROR, accusé d’être plus dangereux que les maladies qu’il est censé prévenir.
Les professionnels de santé, notamment les pédiatres et les médecins traitants, sont les mieux à même, selon les auteurs, de vaincre ces réticences. Une revue systématique des études sur le sujet, réalisée en 2010, a montré « que les parents faisaient plus confiance à leur médecin généraliste ou à leur infirmière qu’au gouvernement ». Toutes les études vont dans le même sens. Les informations délivrées par les autorités sont perçues comme biaisées par les conflits d’intérêt.
Nouvel élan à la vaccination.
La décision des parents de faire ou non vacciner leur enfant dépend de la manière dont leur sont livrées les informations et donc de la conviction du médecin. Des réponses trop vagues sont interprétées comme une preuve du manque de sécurité du vaccin. Les auteurs citent une étude française menée auprès de 2 000 médecins généralistes en 2001, qui montrait que 6 % des médecins n’étaient pas en faveur de la vaccination et que 41 % seulement étaient favorables à la vaccination et respectaient le calendrier vaccinal, les autres, même s’ils approuvaient la vaccination, ne suivaient pas de manière systématique le calendrier vaccinal.
Les auteurs appuient l’appel du Conseil européen demandant de mieux informer les médecins et de davantage les impliquer dans l’effort de lutte contre la rougeole.
En France, le ministère de la Santé a ouvert en avril dernier une réflexion avec les professionnels de santé pour donner un nouvel élan à la vaccination. « Des réunions de travail ont déjà eu lieu et des axes concrets se dessinent maintenant », a récemment déclaré la secrétaire d’État à la santé, Nora Berra. La simplification du calendrier, un des axes retenus, pourrait être un des moyens d’emporter l’adhésion des médecins et des parents. Les conclusions des travaux sont attendues à la fin de l’année 2011.
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