NI LES GRANDES PUISSANCES, ni les moins grandes, ni les négociations ni les menaces n’ont jamais amené à résipiscence le régime totalitaire de Pyong Yang, dirigé par un homme fantasque, irrationnel et capricieux qui, chaque fois que son peuple est menacé par la famine, se conduit comme un voyou en espérant obtenir des subsides sans rien accorder en échange. C’est la technique de la prise d’otages : je vous inflige un grave dommage et, pour m’arrêter, je vous propose de me donner quelque chose en échange. Les Sud-Coréens sont certes alarmés par l’escalade mais ils n’en sont pas vraiment pris par surprise : chaque fois que Kim Jong-Il a des problèmes intérieurs, ils savent que, tôt ou tard, ils devront payer la facture.
La Chine a la clé du problème.
Faut-il pour autant accepter sans broncher les missiles nord-coréens qui bondissent dans l’espace aérien japonais (et ne sont pas à l’abri d’une panne qui les ferait tomber sur les citoyens nippons), le pétard atomique que les savants nord-coréens auraient mis au point, la menace permanente qu’un régime à bout de souffle continue à faire peser sur toute la région ? D’autres mesures de rétorsion que les sanctions économiques ne sont-elles pas possibles ? Le comportement de la Corée du Nord s’explique par un faisceau de bonnes raisons : la sagesse de la démocratie sud-coréenne qui sait que, au delà d’un conflit militaire avec Pyong Yang qui laisserait exsangues les deux moitiés de cette nation divisée, le risque d’une guerre généralisée existe ; le rôle de la Chine, qui n’approuve pas Kim Jong-Il, mais ne souhaite pas pour autant un changement de régime car il renforcerait l’influence américaine ; le refus, à ce jour, du Japon, d’entrer dans un conflit militaire ; l’apathie des Occidentaux, très affaiblis par la crise financière et économique ; le rôle de la démagogie, surtout à l’ONU, où l’on aura tôt fait de transformer l’agresseur en martyr lilliputien. Malheureusement, le corollaire de la passivité, c’est que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Le précédent coréen sera peut-être copié par exemple par l’Iran, susceptible de menacer prochainement le territoire européen avec la bombe A qu’il entend mettre au point et les missiles capables de la véhiculer et qu’il possède déjà. L’irrationnel nord-coréen, c’est la porte ouverte à tous les fanatismes et à tous les irrédentismes.
IL EST PRATIQUEMENT IMPOSSIBLE D’APPLIQUER À PYONG YANG DES MESURES DE RÉTORSION
En y regardant de plus prés, on s’apercevra que la protection dont bénéficie la Corée du Nord, même quand elle se conduit de manière criminelle, vient uniquement de la Chine. C’est vers l’empire du Milieu que partiraient des millions d’exilés nord-coréens si leur pays était attaqué militairement par les États-Unis. Inutile de dire que la politique d’immigration chinoise se limite à un principe simple : zéro immigrant. Pékin souhaiterait que la Corée du Nord garde son régime communiste mais adopte, comme elle, le modèle capitaliste. Il ne faut pas s’y tromper : Kim Jong Il ne défend que sa propre peau et il n’est pas plus enclin à obéir aux désidérata de la Chine qu’à mettre un terme à des agressions qui, pour lui comme pour les pirates ou les preneurs d’otages, peuvent être monnayés. Si Kim provoque le Sud, il ne craint pas non plus de tenir tête au « grand frère » chinois. Dans ces conditions, et compte tenu du poids de la Chine dans l’économie mondiale, tout ce que peuvent faire les Occidentaux, c’est tenter de convaincre Pékin que la Corée du Nord est un danger pour tous, Chine comprise. Il n’est pas impossible que, après la dernière provocation en date du régime nord-coréen, la diplomatie chinoise commence à lui tordre le bras. Hélas, les mots auront peu d’effet sur un « gouvernement » qui n’a rien à perdre et n’hésitera pas à aggraver la crise par de nouvelles agressions s’il a le sentiment qu’il n’a plus vraiment le soutien de Pékin. C’est suicidaire, mais c’est de cette manière que se comportent ceux qui, déjà responsables du gouffre où ils ont jeté leur pays, accueilleraient comme une consolation le préjudice considérable qu’ils peuvent causer aux autres.
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