FONCTION essentielle pour la santé, l’élimination des urines met en jeu des phénomènes neuro-musculaires complexes. L’équilibre de la continence repose à la fois sur une mécanique locale (équilibre de la pression des sphincters, de la vessie, du périnée) et sur un bon fonctionnement du système nerveux central (équilibre des systèmes nerveux sympathique et parasympathique, sécrétion d’hormone antidiurétique commandée par l’hypophyse). Le dysfonctionnement de l’une de ces structures entraîne l’apparition d’une incontinence urinaire.
Lors du vieillissement, la continence urinaire est menacée. On estime que les fuites urinaires ou l’incontinence touchent plus de 2,6 millions de personnes en France, les femmes plus que les hommes à partir de 65 ans. L’incontinence urinaire est considérée comme une fatalité avec un retentissement majeur sur chaque individu aboutissant à une désocialisation (renoncement aux sorties, peur des odeurs, gène vis-à-vis d’autrui…). L’impression d’une non-propreté entraîne souvent un syndrome dépressif profond.
Malgré ce sombre tableau, la majorité des personnes âgées concernées ne consultent pas, par pudeur, par fatalisme ou par refus de se voir vieillir. Or, « il existe des solutions pour rompre ces tabous et il existe des prises en charge adaptées à chaque cas, efficaces », explique le Pr Thierry Lebret. « Non aux couches pour tous ! », poursuit-il.
Identifier les causes.
La prise en charge de l’incontinence de la personne âgée, plus que l’incontinence du sujet jeune, nécessite une prise en charge globale, multidisciplinaire. Le premier maillon est le médecin généraliste, car il connaît bien ses patients âgés et peut aborder avec eux, ce sujet délicat ; il peut recueillir « les confidences », celles du patient(te) ou celles du conjoint. C’est encore lui qui peut expliquer le problème, préciser qu’il est fréquent et indiquer les solutions qui peuvent « changer la vie et permettre de mieux vieillir ». Ensuite, lerecours aux spécialistes est souvent nécessaire (urologue, gériatre, neurologue, gynécologue, médecins rééducateurs, chirurgiens…)
Chez la personne âgée, « l’enjeu est d’identifier les causes de l’incontinence spécifiques au vieillissement, les causes ponctuelles ou accidentelles (médicaments, pathologie aiguë), les co-morbidités, les facteurs environnementaux pour dessiner une prise en charge globale visant des objectifs raisonnables », précise le Pr Lebret. Un bilan gériatrique et urologique doit être proposé aux patients de 75-80 ans afin de préciser le mécanisme des fuites, notamment lorsqu’elles qui ne sont pas liées à la dépendance, évaluer la gêne et les attentes du patient, de son entourage. L’exploration de l’incontinence de la personne âgée s’accompagne d’un bilan de vie complet allant de la gestion des boissons, à l’investigation de l’environnement (domicile adapté, déplacement vers les toilettes ...) et au bilan de son état général ou de son autonomie. Au terme du bilan, une rééducation, des traitements médicaux ou chirurgicaux (très efficaces mais sous-utilisés) sont proposés, adaptés chaque cas en fonction d’une évaluation bénéfice-risque.
Les responsables de l’AFU souhaitent pendant toute la Semaine de la continence, sensibiliser le grand public et les médecins : « Lorsque l’incontinence devient une gêne, plus tôt des solutions sont proposées, plus elles seront efficaces », conclut le Pr Lebret.
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