Madame la ministre,
Je me permets de vous alerter sur l’informatisation du milieu médical et sur le risque que comporte la généralisation du tiers payant auprès de médecins, si aucun changement radical n’intervient pour faciliter la vie des médecins.
Il faut cesser de faire des médecins des opérateurs de saisie à bon compte, car ils ont bien mieux à faire, ne serait-ce que lire de la médecine et non des documents comptables ou informatiques (...).
Le suivi paiement des tiers payants, dans sa forme actuelle, n’est pas une évidence et reste très coûteux en temps au détriment des patients. Il implique des crispations et son lot de frustrations, au regard des réponses des patients (qui nous rendent responsables des bugs des caisses et autres organismes) et des caisses qui nous rendent responsables d’erreurs qui figurent sur les cartes Vitale.
Le rapprochement entre les tiers payants reste un parcours du combattant et, en cas d’erreurs des caisses ou des patients, se faire honorer devient un casse-tête. (...)
La CNAM s’évertue à rendre la situation très complexe et incompréhensible : dédoublement d’acte en ajoutant des lettres, évaluation des tickets modérateurs approximative, ajouts de modificateurs transitoires, avec deux nomenclatures qui se chevauchent, etc. Je ne vois pas de choc de simplification.
Si le gouvernement persiste dans la voie du tiers payant généralisé – qui reste une erreur pour moi –, cela ne fonctionnera que si les médecins n’ont qu’une seule caisse de référence, qu’un seul régime d’assurance-maladie, et le même taux de remboursement pour tous, avec des logiciels CNAMTS performants et contemporains, lisibles, cohérents.
Sinon, la catastrophe est assurée pour au moins deux raisons : la multiplication des consultations pour des motifs futiles qui plombera le budget de l’Assurance-maladie (« ce qui ne coûte rien n’a pas de valeur ») et le rejet brutal par tous les médecins d’un système inexploitable en l’état actuel des choses.
Les médecins cesseront leur activité (pour devenir trader ou autre) ou rejetteront en bloc le système et retourneront à la feuille papier traditionnelle.
Le tiers payant étant vécu par la majorité des patients comme une médecine « gratuite » alors qu’il s’agit d’une médecine « offerte » grâce au concours de la solidarité nationale, beaucoup considèrent qu’ils ont des droits, sans s’appliquer les devoirs qui en découlent, si bien que les médecins deviennent des victimes.
Un exemple : dois-je commencer ma consultation en vérifiant les droits, l’identité du consultant – en plus je n’en ai pas les moyens légaux ? Ou dois-je faire confiance et, après coup, m’apercevoir que le consultant ne respecte pas ses devoirs ?
Le point de vue des médecins et des caisses diverge toujours sur ce plan, et toujours au détriment des médecins qui se sont fait rouler dans la farine par un certain nombre de patients.
Il faut inverser la charge de la preuve. Les caisses doivent régler les médecins et en cas de conflit se retourner contre les patients indélicats.
Enfin, je me permets de vous suggérer la création d’un numéro de téléphone national unique réservé aux médecins pour contacter l’Assurance-maladie en cas de besoin, et ouvert de 7 heures à 22 heures. Car actuellement, de ce côté-ci, c’est aussi la galère.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en mes plus hautes considérations.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation