DEPUIS2006, l’artésunate était le traitement de référence chez l’adulte. Une étude réalisée auprès de 1 416 patients avait montré une réduction de 34 % de la mortalité dans le groupe traité par le dérivé de l’artémisinine comparé au groupe traité par la quinine. « Nous n’avions aucune preuve pour établir une préférence entre l’artésunate et la quinine pour les enfants », a expliqué le Dr Peter Olumese (OMS). Des résultats publiés en novembre 2010 apportent des arguments en faveur de l’artésunate. L’étude multicentrique AQUAMAT, menée dans huit pays africains auprès de 5 425 enfants de moins de 15 ans, hospitalisés pour un paludisme sévère, a en effet conclu que l’utilisation de l’artésunate réduisait de près d’un quart (22,5 %) la mortalité chez l’enfant. Le traitement à base d’artémisinine a aussi permis une diminution significative des événements post-hospitalisation (convulsions, épisodes de comas ou d’hypoglycémies) avec un résultat identique à la quinine pour les séquelles neurologiques. La quinine est « un bon médicament, mais qui requiert une infrastructure qui n’existe pas forcément au niveau des communautés », a souligné le Dr Awa Marie Coll-Seck, directeur exécutif du partenariat Faire reculer le paludisme. Le traitement doit être administré 3 fois par jour en perfusion intraveineuse lente de quatre heures chacune.
Soutien aux pays.
Médecins sans frontières (MSF), qui a participé à l’essai, plaide pour l’introduction immédiate du traitement dans les pays africains. L’ONG, qui a déjà modifié ses protocoles dans les programmes dans lesquels elle intervient rappelle : « Nous avons connu des situations similaires. Quand l’OMS a modifié ses recommandations de traitement contre le paludisme en 2001, les pays ont mis plusieurs années à s’y conformer. Et malheureusement, dans certains pays, des médicaments bien moins efficaces sont encore utilisés dix ans après. » Le Dr Martin de Smet, coordinateur des activités contre le paludisme de MSF, insiste : « Pour le paludisme sévère, si l’on veut que des vies soient sauvées immédiatement, l’OMS devra s’assurer que l’évolution soit beaucoup plus rapide. Il n’y a aucune raison pour ne pas effectuer immédiatement cette transition. » L’association demande à l’OMS et aux bailleurs de fonds de soutenir les pays concernés.
Pour rappeler au grand public que le paludisme reste l’une des maladies les plus meurtrières au monde – en Afrique, un enfant meurt de paludisme toutes les 45 secondes –, le ministère des Affaires étrangères et européennes et le partenariat Roll Back Malaria organisent, du 21 au 25 avril, une installation-exposition au jardin du Luxembourg sur le thème de la moustiquaire.
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