Une action hésitante et lente

Obama : mauvaise passe

Publié le 25/11/2009
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Crédit photo : AFP

LES RAISONS de cette apathie sont multiples : en Afghanistan, M. Obama n’a guère été aidé par le président Hamid Karzaï, réélu dans des conditions rocambolesques et au bout de trois mois de discussions interminables qui se sont traduites par le désistement de l’adversaire de M. Karzaï, Abdullah Abdullah, et l’annulation du second tour électoral. Le scrutin, au demeurant, n’a rien changé à la donne afghane : on a de la peine à croire que M. Karzaï va enfin tenir parole sur la lutte contre la corruption et l’élaboration d’une force militaire nationale capable de tenir tête aux taliban, alors même que ceux-ci détiennent déjà quelques grosses portions du territoire afghan. Barack Obama est visiblement déchiré par un dilemme, envoyer ou non des renforts américains, et la dernière réunion en date consacrée à ce sujet, lundi dernier, n’a abouti à aucun résultat, car le président a demandé à ses conseillers de faire une « synthèse » de leurs propositions.

Un problème international.

Synthèse impossible : on ne peut pas à la fois dire aux Afghans de prendre leur sort en main et leur envoyer des troupes fraîches. L’hésitation de M. Obama est d’autant plus fâcheuse que les États-Unis sont aidés en Afghanistan par les forces qu’ont dépêchées de nombreux pays, dont la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, qui aimeraient bien savoir quelle politique, de désengagement ou d’engagement, sera définie. Le sujet est d’autant plus délicat que les alliés des États-Unis affrontent le même danger, celui de devoir s’expliquer devant leurs opinions si davantage de soldats sont tués au combat.

Il en va de même au Proche-Orient, où la diplomatie américaine est paralysée par la trop grande confiance que l’administration américaine a accordée au gouvernement de M. Nétanyahou, lequel s’est joué d’elle en refusant de geler la colonisation, ce dont les Palestiniens et M. Obama avaient fait un préalable. Le président américain n’est pas en mesure de prendre des sanctions contre Israël, mais il le savait avant même de s’engager dans un effort diplomatique dont il a mal mesuré les enjeux. Comme le disait fort bien son ex-rival républicain, John McCain, dans un entretien avec « le Figaro » de lundi dernier, on ne fait pas du gel des colonies un préalable si on sait à l’avance qu’Israël refusera le gel quoi qu’il en soit. M. Obama avait jeté sa dernière carte avant que le jeu ne commençât. Il eût été préférable de ne pas rejoindre Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne dans ses exigences, justes du point de vue moral, mais futiles du point de vue du rapport de force. Et de lancer des négociations sans conditions. Aujourd’hui, il n’existe aucun espoir à court terme de relancer le processus de paix et c’est catastrophique parce que, une fois de plus, il suffirait d’une étincelle pour provoquer une déflagration.

IL NE FALLAIT PAS POSER UN PRÉALABLE À ISRAËL S’IL N’Y AVAIT AUCUN PLAN B

Très occupé par la réforme de l’assurance-maladie, où il commence à marquer des points, et par le chômage, qui dépasse les 10 %, M. Obama ne parvient peut-être pas à agir sur tous les fronts à la fois. On sera tenté de dire qu’il y avait une part de naïveté dans sa présentation d’une Amérique amie de tout le monde, et une erreur lorsqu’il n’a pas pris en compte les élections israéliennes de janvier dernier, qui changeaient la donne complètement en mettant au pouvoir un homme connu depuis longtemps pour son hostilité au processus de paix. La situation est en outre compliquée par l’impopularité croissante d’Obama et par un Congrès rebelle : ni les républicains, ni même les démocrates n’accepteront que des sanctions américaines soient prises contre Israël. Il fallait s’en souvenir avant d’engager les parties à négocier.

Inutile de tergiverser.

Mais nous n’en sommes pas là. Il est plus probable que M. Obama acceptera de faire en Afghanistan ce que George Bush avait pour l’Irak : un « surge » (envoi supplémentaire de troupes), complété par une politique de rapprochement avec la population pour la convaincre de combattre les taliban, puis un désengagement. Puisque c’est l’option la plus probable, pourquoi tergiverser ? Au Proche-Orient, il est possible de lever tous les préalables, celui du gel de la colonisation, mais aussi celui posé par Jérusalem, la reconnaissance par l’Autorité palestinienne qu’Israël est un État juif.

Il faut aussi que Barack Obama prenne des risques. En dépit de la chute de sa popularité, il doit s’exposer davantage et tenir, aux Palestiniens comme aux Israéliens, un langage plus ferme. Néanmoins, le problème le plus sérieux, c’est un chômage qui semble structurel, dont on ne prévoit pas la résorption avant longtemps et pour lequel M. Obama doit prendre des mesures exceptionnelles. Sa popualrité reviendra comme par enchantement dès que l’économie américaine recommencera à créer des emplois.

RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr