Mission d'information du Sénat, recommandations de l'Académie de pharmacie : la pénurie de médicaments essentiels et de vaccins en France (ou le risque de pénurie) inquiète au plus haut point les décideurs et les experts.
Les chiffres sont alarmants. Après 2013, l'année 2017 connaît un nouveau pic inquiétant. Environ 530 produits figurant sur la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) ont fait l’objet d’une rupture de stock et/ou de tensions d’approvisionnement en 2017, soit 30 % de plus qu'en 2016. Toutes les classes thérapeutiques sont impactées mais le trio de tête concerne des anticancéreux (5FU, vincristine...), des anti-infectieux (antibiotiques, vaccins, antiviraux) et des médicaments du système nerveux.
Les causes de cette pénurie sont multifactorielles. Devant la mission sénatoriale présidée par le socialiste Yves Daudigny, le Dr Patrick Maison, directeur de la surveillance de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), a énuméré les principales raisons : déséquilibre entre la production et la demande (25 % des causes), problèmes dans la chaîne de production (20 %), défaut de qualité des produits finis (20 %) ou encore difficultés en approvisionnement en matière première (15 %). « Les arrêts de commercialisation sont rarement la cause de rupture, même si cela peut fragiliser un secteur où il y a peu d'alternatives », précise le Dr Maison.
Les prix et la coordination en question
L'Académie de pharmacie, première instance à lancer l'alerte dès 2008, avance d'autres facteurs : une réglementation contraignante (normes de fabrication, traitements administratifs post-AMM complexes, etc.) et surtout le prix français de certaines molécules indispensables (considérées comme moins rentables en France pour les industriels). En clair, le tarif actuel de certains anticancéreux ou antibiotiques anciens n'inciterait pas les laboratoires à investir dans leur fabrication. Et le différentiel de prix entre les États européens est souvent un handicap pour la France lorsque les stocks sont faibles, analysent les académiciens.
Malgré des mesures (plan de gestion de pénurie en 2017), « on constate une dégradation au niveau français comme au niveau européen », souligne l'Académie de pharmacie. Comment y remédier ?
Devant le Sénat, l'ANSM a préconisé une communication plus précise auprès des professionnels (durée de la rupture) et une coordination accrue de l'Europe face à cette pénurie de médicaments. Dans la même veine, le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé (HAS), recommande une meilleure anticipation face à la croissance des demandes et une « entraide européenne ». Le fait de relocaliser en Europe la production de substances actives est une autre piste, selon l'Académie de pharmacie.
Quant aux tarifs, la HAS a déjà proposé dans certains cas de « réévaluer les produits anciens et pourquoi pas de revaloriser leur prix ». L'Académie de pharmacie propose elle aussi de réviser le prix de certains produits jugés indispensables (identifiés par un groupe élargi constitué des administrations concernées, de l'industrie, des pharmaciens et des académies). Le principe semble séduire le sénateur Yves Daudigny : « L'idée est intéressante pour une bonne gestion de régulation. »
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés
Apnée du sommeil de l’enfant : faut-il réélargir les indications de l’adénotonsillectomie ?
Endométriose : le ministère de la Santé annonce une extension de l’Endotest et un projet pilote pour la prévention