Après le temps des omertas, qui entoura les dramatiques affaires du sang contaminé, de l’hormone de croissance ou de l’amiante, voici le temps des surenchères : pour l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), la grippe aviaire, ou la grippe A(H1N1), le retentissement médiatique a atteint des scores maximums, sans proportion avec la réalité des risques, et malgré l’existence de structures ad hoc chargées de les évaluer. La responsabilité en incomberait à l’application, aussi intempestive qu’elle est devenue systématique, du principe de précaution.
Les adversaires de celui-ci, à l’instar du Pr Maurice Tubiana, dénoncent le précautionisme général, qui suscite la peur irrationnelle de toutes les nouveautés et fait obstacle aux recherches innovantes. Les ayatollahs du risque zéro exacerberaient les risques ressentis, au détriment des réalités scientifiques complexes. Du principe, selon le mot de Bernard Kouchner, on sombrerait dans le syndrome de précaution. Dans un rapport toujours d’actualité publié en 1999, le Pr Philippe Kourilsky, ex-directeur de l’Institut Pasteur, et la juriste Geneviève Viney prévenaient que ce principe de précaution expose au meilleur comme au pire : « Le meilleur, si les mesures adoptées améliorent véritablement la sécurité des citoyens, tout en évitant l’abstention systématique devant les risques ; le pire, si l’on en fait un carcan dépourvu de souplesse et un frein à l’innovation et au progrès. » On n’en sortira, estime Didier Tabuteau (chaire santé de Sciences Po), que si l’on cesse de faire reposer la politique de sécurité sanitaire sur la seule prise en compte du principe de précaution : il faut veiller tout à la fois au principe d’évaluation (évaluations thérapeutiques, pratiques professionnelles, évaluations des risques), au principe d’impartialité (séparation des fonctions de police et de développement, déontologie de l’expertise) et au principe de transparence, avec un devoir de vérité, que ce soit dans la communication de routine ou dans la gestion de crise.
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