LA GUERRE DE GAZA aurait pû être évitée si l’Europe, l’Amérique et Israël avaient tout fait pour que le cessez-le-feu de six mois qui s’est terminé en décembre fût reconduit. La crise humanitaire de Gaza n’est que le produit d’une absence de politique. Il est vrai qu’il était pratiquement impossible de convaincre le Hamas avec lequel les Européens ne parlementent que par l’intermédiaire de l’Egypte, du Qatar et, moins souvent, de la Syrie. Le Hamas estime, bien sûr, que les Israéliens n’ont pas respecté le cessez-le-feu. Israël rétorque que si le blocus de Gaza avait été levé, le Hamas se serait renforcé. Une fois encore, les Israéliens ont choisi, comme au Liban, une politique de force qui ne leur avait pourtant pas réussi au Liban en 2006. Ils n’ignorent pas les complications que crée la crise humanitaire consécutive à la guerre. Ils savent que le conflit peut s’étendre, avec une attaque du Hezbollah au nord d’Israël. Enfin, malgré les dévastations infligées à Gaza, ils n’ont pas réussi à arrêter les tirs de roquettes.
Une démarche logique.
Le gouvernement israélien bénéficie cependant du soutien de l’immense majorité de la population ; l’idée qu’il est possible de faire pleuvoir des roquettes sur un territoire ennemi en visant des objectifs civils tout en dénonçant les inévitables représailles qu’inspire une telle agression n’est défendable qu’auprès des manifestants qui, de Paris à Londres, ont exigé la libération de Gaza sans même se rendre compte que Gaza est libre depuis qu’Ariel Sharon l’a fait évacuer. Certes encerclée, mais libre. Le blocus, les contrôles et maintenant les bombardements et l’invasion ne sont que la conséquence des tirs de roquettes. Si, au lieu d’en faire une base d’agressions, le Hamas avait fait de Gaza une zone de développement économique, il n’y aurait pas de blocus. Quant à l’autre idée, celle qui compare le nombre des morts dans chacun des deux camps (la guerre serait-elle plus juste si les Israéliens étaient plus nombreux à y périr ?), elle mérite d’être testée physiquement par ceux qui la préconisent : cela fait huit ans que les roquettes pleuvent sur le sud d’Israël et la vie de plusieurs centaines de milliers d’Israéliens y est intenable.
Ce qui est plus vrai en revanche, c’est qu’un succès militaire (qui n’est guère assuré) ne remplace pas une bonne politique. Infliger un revers au Hamas ne suffira pas à régler le problème. Tôt ou tard, il faudra bien qu’un cessez-le-feu intervienne, d’autant que la guerre se poursuit dans des zones surpeuplées de civils. Israël n’est pas non plus en capacité d’éliminer le Hamas et d’installer le Fatah à Gaza. Enfin, dès que le cessez-le-feu aura été décidé, les tirs de roquettes, qui n’ont pas cessé, reprendront de plus belle. Dans ce tableau très sombre, la démarche de Nicolas Sarkozy semble moins téméraire qu’il n’y paraît : au-delà du mur d’intransigeance israélien, il y a des concessions possibles ; au-delà du fanatisme du Hamas, il y a des influences, comme celles de la Syrie, à ranimer, dans le cadre d’un projet de paix plus large et plus ambitieux pour la région.
On est convaincu, ici et là, que c’est dans la perspective des élections générales en Israël au mois de février, que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a lancé l’assaut contre Gaza. Sa popularité personnelle a d’ailleurs augmenté. Mais les questions de sécurité ne sont jamais abandonnées, en Israël, aux aléas d’une vie politique particulièrement compliquée. Au contraire. Tous les partis en lice ont approuvé l’offensive. L’armée israélienne a d’ailleurs joué la surprise, en attaquant après que les dirigeants eurent minimisé l’importance qu’ils accordaient aux tirs de roquettes. Ils semblent avoir préparé soigneusement cette nouvelle guerre et pensé à protéger le front nord du Hezbollah. Et le plus sage, pour un gouvernement condamné, eût été de laisser la responsabilité d’un tel conflit aux vainqueurs des élections.
Des objectifs modestes.
Mais peu importe. Israël sera jugé, en définitive, sur la façon dont il aura géré le risque. Une conflagration régionale avec l’intervention du Hezbollah risque de lui coûter aussi cher que la guerre du Liban. Il est donc contraint d’en finir aussi vite que possible. Il n’a pas le temps de nettoyer Gaza de toutes les bases d’où partent les roquettes et y parviendrait-il qu’elles se reconstitueraient aussitôt à la faveur d’un cessez-le-feu. L’État hébreu a d’ailleurs affiché des objectifs modestes pour la bonne raison qu’il ne peut pas en réaliser de plus ambitieux. Bref, au-delà de tout conflit militaire, il y a une négociation et le prochain gouvernement israélien devra s’en souvenir.
ISRAËL SERA JUGÉ SUR LA FAçON DONT IL AURA GÉRÉ LE RISQUE
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