ON PEUT DIRE sans exagérer que le chef de l’État ne se sent nullement lié par le résultat de ce scrutin de mi-mandat. Lequel est pourtant caractérisé par une montée de la gauche, et surtout par la désertion partielle de l’électorat traditionnel de la droite. Le pays est largement déçu par le président, d’une part parce que les Français n’ont pas mesuré la vigueur salutaire des mesures anticrise adoptées par le pouvoir et d’autre part parce que la poursuite tambour battant des réformes dans un climat de chômage et de crainte de l’avenir est vivement contestée par l’opinion.
Il fait ce qu’il veut.
La conséquence logique du scrutin, c’est d’adapter le gouvernement et sa politique générale au message des électeurs. L’implication personnelle du président et du Premier ministre dans la campagne ne peut qu’accréditer cette thèse. En même temps, M. Sarkozy fait ce qu’il veut. Aucune règle constitutionnelle ne l’oblige à tirer la leçon d’un vote qui ne menace ni le chef de l’État ni le chef du gouvernement. Il n’est pas obligé de procéder à un remaniement gouvernemental. Et même s’il a fait campagne pour son camp, ce qui lui a été largement reproché par la gauche, il peut feindre aujourd’hui de n’être pas concerné par le scrutin. L’opposition ne manquera pas, ne manque pas, de lui rappeler que son programme est rejeté par l’électorat et qu’il doit en tenir compte. La vérité est qu’il lui serait infiniment plus difficile de répondre aux vux des votants que de les ignorer. Céder sur des réformes inachevées, c’est partir à la recherche d’un programme alternatif inexistant. C’est renier des principes sur lesquels il a bâti son action : la revalorisation du travail, la rupture avec l’apathie gouvernementale que dicte le conservatisme des Français de tous bords, l’ouverture à ceux qui, à gauche, souhaitent participer au redressement du pays. M. Sarkozy est certainement critiqué, détesté par une partie de la population, contesté, mais il ne peut renoncer ni à ses idées ni à son caractère. Pour le meilleur et pour le pire. Qu’il refuse de changer, il fallait s’y attendre.
En revanche, rien ne lui interdit de donner un coup de frein à une action dont la vitesse a donné le tournis aux Français ; de finir une réforme avant d’en commencer une autre ; et surtout de se poser la question grave de la gestion de la crise qui a tellement réduit nos ressources qu’elle n’est plus compatible avec son serment, réitéré dans le « Figaro Magazine », de ne pas augmenter les impôts. Le ferait-il qu’il s’aliènerait davantage les forces de la droite ; aussi bien est-il placé devant un dilemme. Il lui faut à tout prix réduire le déficit budgétaire, sinon la France subira le sort de la Grèce. M. Sarkozy le sait. La tâche qui l’attend n’est ni de gauche ni de droite, comme il aime souvent le dire. S’il devait quitter le pouvoir, ses successeurs seraient bien en peine de transformer leurs incessantes critiques en décisions constructives. Le président n’est pas seulement victime d’un revers de fortune, il subit de plein fouet la méfiance que le pouvoir politique, quelle que soit sa couleur, inspire désormais au peuple.
Il sait, mieux que personne, que la politique est aussi affaire de chance. Comme n’importe lequel de ses administrés, il attend un rebond de la croissance susceptible de laminer naturellement, et sans effort particulier, les déficits publics. C’est, en réalité, la seule issue, et elle en dit long sur la capacité de la classe politique à gérer l’économie. L’autre hypothèse, c’est de miser sur une inflation qui réduirait la dette. Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds monétaire international (et, accessoirement homme le plus populaire de France) croit à cette voie. Ce qui soulève la colère de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne et de la classe politique allemande, car une période d’inflation aboutit nécessairement à des mesures d’austérité et à l’augmentation du chômage.
M. Sarkozy dit qu’il fera une pause dans les réformes à la fin de 2011 et décidera, à la même époque, s’il se représente pour un deuxième mandat. Ce ne sont pas des nouvelles bouleversantes. À la fin de l’année prochaine, nous serons à moins de quatre mois des élections générales. La campagne absorbera toutes les énergies, car la consultation aura valeur historique. Le président semble dire qu’il épargnera aux Français le rythme épuisant des réformes et qu’il pourra juger, à la dernière minute ou presque, s’il a encore assez de popularité pour briguer un second mandat. Il ne se passera rien cette année ou l’an prochain. Le scrutin des régionales n’aura été que le signe avant-coureur d’une grande explication entre la gauche et la droite et d’un choix national aussi important que celui de 2007. Nous passons notre temps à voter, et pendant ce temps, le pays périclite.
POUR CHANGER DE POLITIQUE, SARKOZY DOIT CHANGER DE CARACTÈRE
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