« L’ÉPIDÉMIE 2010-2011 a été d’intensité modérée », a indiqué le Pr Bruno Lina, président du conseil scientifique du GEIG. Au cours des 9 semaines d’épidémie, du 20 décembre 2010 au 20 février 2011, 2,2 millions de personnes ont consulté pour un syndrome grippal, soit 7 millions de personnes infectées au cours de la saison (estimation). Les virus qui ont circulé au cours de la saison sont bien ceux qui étaient contenus dans le vaccin, principalement les virus de type A (53,8 %) : 40 % de A(H1N1)v, 6 % de A(H3N2) et 8 % de virus A non typés. Les virus de type B (46 %) et de type C (0,2 %) ont également circulé. L’épidémie a surtout touché les plus jeunes, les 0-4 ans puis les 5-14 ans. En revanche, l’impact a été plus grand chez les 65 ans et plus et chez les sujets atteints de certaines pathologies chroniques. Un nombre important de patients a été hospitalisé et, « parmi ces hospitalisations, on compte 250 décès directement imputables à la grippe, avec un virus détecté chez des patients en réanimation », insiste le Pr Lina.
Recommandations élargies.
En France, la stratégie vaccinale vise à protéger les personnes les plus fragiles, contrairement aux États-Unis, qui ont choisi la vaccination universelle, ou à des pays européens comme la Finlande, où la vaccination est recommandée chez les enfants. Les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ont été élargies à de nouvelles populations et concernent désormais toutes les personnes souffrant d’une pathologie chronique, pulmonaire, cardiaque ou présentant une immunosuppression. Toutes les formes d’atteinte respiratoire sont concernées, que le patient soit en ALD ou non. « Ce n’est pas parce que quelqu’un a un ticket ALD qu’elle a un risque mais bien parce qu’elle a une pathologie qu’elle est à risque pour la grippe », a commenté le président du GEIG. Pour les pathologies cardiaques, les patients traités pour troubles du rythme devront maintenant être vaccinés, de même que les patients présentant une pathologie coronarienne (angor). Tous les sujets immunodéprimés sont concernés : patients présentant un cancer, une pathologie hématologique, une maladie inflammatoire, une maladie auto-immune et ceux qui ont un traitement immunosuppresseur pour une transplantation. Enfin, tous les diabétiques (type 1 et type 2) devront bénéficier d’une vaccination, y compris ceux qui sont équilibrés par le régime seul.
Comme en 2010-2011, tous les sujets souffrant de pathologies chroniques devront être vaccinés s’ils sont âgés de plus de 6 mois, y compris les femmes enceintes. Devront aussi être vaccinées les personnes âgées de 65 ans et plus et les personnes séjournant dans un établissement de soins de suite et dans un établissement médico-social d’hébergement quel que soit l’âge.
Les recommandations 2011 font une large place à la « stratégie du cocooning », qui s’appuie sur la vaccination de l’entourage familial des nourrissons âgés de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave. De la même façon, devront se faire vacciner les professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des sujets à risque de grippe sévère, tout comme le personnel naviguant et celui de l’industrie des voyages accompagnant les groupes de voyageurs (guides).
Taux de vaccination en recul.
Un quart de la population française est désormais ciblé par la vaccination, soit 18,5 millions de personnes, contre 12,5 millions pour la saison 2010-2011. « L’objectif de 75 % de personnes vaccinées n’a pas été atteint », a déploré le Pr Lina. Un objectif qui reste prioritaire. « Nous sommes en net recul. Avec une baisse de 15 à 18 % du taux de vaccination, nous sommes retombés au taux d’il y a dix ans et il va falloir refaire le chemin inverse. » Les données du GEIG, tout comme celles de la consommation du vaccin saisonnier ou de l’Assurance-maladie sont concordantes. « Seulement un tiers des diabétiques est vacciné », a indiqué le spécialiste.
Pour inciter les personnes à se faire vacciner, plusieurs dispositifs ont été mis en place, comme le remboursement du vaccin à 100 % pendant toute la saison hivernale (étendue jusqu’au 15 février, comme l’hiver dernier) et la possibilité de se faire vacciner par une infirmière ou un infirmier pour tous les patients présentant une pathologie chronique, sauf les femmes enceintes. Le HCSP recommande en outre que les médecins traitants et les médecins hospitaliers prescrivent la vaccination grippale aux personnes éligibles mais qui n’ont pas été identifiées par l’Assurance-maladie. « Le but est d’introduire plus de souplesse dans le système afin que ceux qui auraient échappé à la vaccination puissent intégrer le système », a souligné le Pr Lina.
Dans le même ordre d’idée, le HCSP souhaite que les services hospitaliers, notamment de néonatalogie, soient sensibilisés à la prescription du vaccin pour les enfants atteints de pathologie chronique les rendant éligibles et qui n’ont pas été identifiés par l’assurance-maladie, ainsi que pour l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois porteurs de facteurs de risque grave.
Enfin et c’est une des leçons de la pandémie grippale de 2009 mais aussi de la saison 2010-2011, « les médecins généralistes devront être au cœur de la stratégie vaccinale. Car ce sont eux qui peuvent identifier les personnes à risques, expliquer l’intérêt de la vaccination et emporter l’adhésion », insiste le Pr Lina.
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