LA MORT de Georges Frêche a pris par surprise la classe politique, qui le croyait invulnérable. Elle attriste, sans aucun doute, ses nombreux partisans qui, lors des récentes élections régionales, lui ont permis de battre la socialiste Hélène Mandroux, chargée par le PS, mais en vain, de l’évincer de la politique. Un conflit grave l’opposait donc au Parti socialiste, ce qui ne l’empêchait pas de répéter qu’il resterait socialiste jusqu’au bout. Son décès brutal a plongé dans l’embarras les leaders nationaux de gauche qui s’étaient dressés contre lui. À l’heure de sa disparition, il n’est plus nécessaire de l’accabler de critiques. La plupart ont rappelé son passé de « bâtisseur », tout en mentionnant, en contrepoint, ses nombreux excès de langage. Même Mme Mandroux semble avoir oublié qu’elle a été candidate contre lui. Même Laurent Fabius, dont, selon Frêche, « la tronche n’était pas catholique », remarque que nous continuons à juger non-antisémite, a laissé le respect chasser son agacement. D’autres enfin, comme François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon, et Gérard Collomb, son homologue de Lyon, s’en sont tenus à l’approbation qu’ils lui avaient accordée de son vivant. Les nuances des socialistes sont extraordinairement subtiles, bien que, au fond d’eux-mêmes, ils soient peut-être soulagés de pouvoir enfin rassembler tous les socialistes de la région de Montpellier sous la houlette du parti.
Un besoin de dominer.
Nous avons quand même eu droit à quelques panégyriques. Pas une seule oraison funèbre qui n’ait insisté sur la culture et l’érudition de M. Frêche, l’homme qui a traité les harkis de sous-hommes et Jean-Paul II d’abruti, qui s’inquiétait du nombre de Blacks dans l’équipe de France et traitait Nicolas Sarkozy de « grand mamamouchi aux talons compensés ». Ah ! sûrement, cet ancien universitaire pouvait nous épater par ses connaissances, mais il y a infiniment de gens très simples qui ne se permettraient jamais d’insulter des catégories ethniques ou sociales de citoyens. Au fond, Georges Frêche était un précurseur. Il ne voyait pas pourquoi le populisme devait être réservé à l’extrême droite et il a inventé l’outrance de gauche. Jean-Luc Mélenchon n’est que son imitateur. Ce qui n’empêche pas le sarcasme simplificateur, l’injure qui diminue celui qui la prononce, l’attaque ad hominem, la cruauté pure et simple et le mépris des gens de demeurer inacceptables, de quelque formation politique qu’ils viennent. L’érudition et le succès n’autorisent ni les dérives verbales ni les méthodes politiques qui, en dépit des règles de la démocratie, permettent à des hommes incontrôlables de se transformer en maîtres absolus d’un pays ou, comme dans le cas de Frêche, d’une ville ou d’une région. Le moins qu’on puisse dire du cher disparu, et bien que les Montpélliérains le considèrent comme leur bienfaiteur, c’est que tant de hargne contre les gens, y compris ceux qui ne lui causaient aucun tort, comme le pape, cachait sans doute un immense besoin de se distinguer, si l’on ose dire, et de dominer.
UN PRÉCURSEUR DU POPULISME DE GAUCHE
Inversement, il n’est pas certain que le PS trouve à Georges Frêche un successeur de sa trempe et doué de son dynamisme. On n’ira pas jusqu’à croire que, dans la descente aux enfers de la majorité, la droite pourrait, à la prochaine échéance, ravir Montpellier à la gauche. Mais Frêche, qui, en 33 ans, a fait de Montpellier la huitième ville de France (elle n’était que vingt-cinquième) est irremplaçable parce qu’il était justement cet immense paradoxe, ce mélange de dynamisme et de vulgarité. Pour l’intérêt de la ville, un nouveau bâtisseur serait infiniment utile. C’est beaucoup plus difficile à trouver qu’un homme qui prononce des propos outranciers.
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