LE BILAN actualisé de l’épidémie de rougeole qui sévit en France depuis 2008 confirme les craintes des autorités sanitaires de santé qui, en mars 2011, évoquaient déjà une « épidémie de très grande ampleur » et un risque d’augmentation des formes graves. La troisième vague épidémique a été plus importante que les deux vagues antérieures, « avec un pic atteint en mars 2011 et une décroissance des cas depuis », explique l’Institut de veille sanitaire (InVS). Pour les sept premiers mois de l’année, près de 14 500 cas ont été notifiés, dont 15 ont présenté une complication neurologique, 639 une pneumopathie grave et 6 sont décédées. Par rapport à l’année 2010, le nombre de cas est presque 3 fois plus important (5 071 cas notifiés), le nombre de formes graves a plus que doublé (8 encéphalites et 287 pneumopathies graves) et celui des décès a triplé. Depuis le 1er janvier 2008, ce sont plus de 21 000 cas qui ont été déclarés en France.
« Cette recrudescence de la rougeole en France est d’autant plus grave qu’elle concerne plus particulièrement les jeunes nourrissons et les adultes », s’alarme l’Académie nationale de médecine. La rougeole « devient peu à peu aussi une maladie de l’adulte puisque 40 % des cas en 2011 concernent des adultes, dont 30 % sont hospitalisés », souligne-t-elle. Depuis 2008, la proportion des cas signalés de 20 ans et plus n’a cessé d’augmenter : 17 % en 2008, 23 % en 2009 et 34 % en 2010.
Vaccination urgente.
L’Académie s’inquiète par ailleurs de l’insuffisance de la couverture vaccinale, d’autant plus que l’on « sait depuis la fin des années 1980 que l’élimination de la rougeole ne sera possible qu’avec une couverture vaccinale de 95 % et une deuxième dose de vaccin », souligne l’Académie. Cette couverture « exigeante » s’explique par la très forte contagiosité du virus, avec un taux de reproduction de base ou Ro de 15 à 20 (un malade peut contaminer entre 15 et 20 personnes) bien plus élevé que celui de la grippe, qui est de 2-4.
« En 2010, on constate que 82 % des 5 021 cas à statut vaccinal connu ne sont pas vaccinés et que 13 % n’ont reçu qu’une seule dose de vaccin triple », rappelle le Pr Pierre Bégué au nom de la commission des Maladies infectieuses et médecine tropicale de l’Académie.
« Il est urgent de renforcer la vaccination du nourrisson et d’appliquer rigoureusement les mesures concernant le rattrapage vaccinal des enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu’à l’âge de 31 ans », poursuit-il. Selon les nouvelles recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) telles qu’elles apparaissent dans le calendrier vaccinal 2011, tous les sujets nés entre 1980 et 1991 (âgés entre 20 et 31 ans) qui n’ont jamais été vaccinés doivent désormais recevoir deux doses de vaccins au lieu d’une seule dose comme antérieurement. Cette mesure, prise dans un souci de simplification (la même stratégie pour tous les sujets de plus de 1 an), devait permettre d’améliorer, selon le HCSP, « l’adhésion insuffisance des professionnels de santé et du grand public ».
L’enjeu est important en raison du contexte de recrudescence de la rougeole notamment en Europe. Selon l’OMS-Europe, 38 pays ont rapporté plus de 7 000 cas au 6 mai 2011, mais, indique l’Académie, « la France connaît maintenant la plus forte épidémie et contamine les pays voisins ».
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