LES PLUS DE 80 ANS représentent aujourd’hui 4 % de la population des 29 pays riches étudiés par l’OCDE. Ils seront 10 % en 2050, et même 15 % en Allemagne ou 17 % au Japon. Une telle augmentation devrait multiplier par 2 ou 3 les dépenses des gouvernements dans le secteur de la dépendance, estimées actuellement à 1,5 % de leur produit intérieur brut, prévoit l’OCDE.
« Cette rapide hausse des coûts impose aux pays une optimisation des dépenses de prise en charge de la dépendance. Les politiques manquant de cohérence, en place dans de nombreux pays, doivent par conséquent être revues », prévient Angel Gurria, secrétaire général de l’organisation. Car au-delà des évolutions démographiques, des mutations sociales vont compliquer la prise en charge des seniors. Les liens communautaires et familiaux, qui sont « l’épine dorsale du système », tendent à se relâcher. Les femmes, soit les 2/3 des aidants, sont par ailleurs de plus en plus impliquées dans la vie professionnelle, qui ne cesse de s’allonger.
Des aidants en souffrance.
Les gouvernements sont face à plusieurs défis. À commencer par les modes d’accompagnement de la dépendance. Presque 70 % des sujets en perte d’autonomie restent à domicile, aux soins de leurs familles et amis qui se dévouent par amour et devoir. « Un adulte de plus de 50 ans sur 10 aide une personne dépendante », estime l’OCDE. Si cette solution est, pour majeure partie, gratuite, elle n’est pas sans conséquences pour la santé mentale des proches : la prévalence des troubles mentaux est chez les aidants familiaux supérieure de 20 % à celle des non aidants. Le rapport préconise d’épauler les aidants familiaux, mais surtout, de formaliser le secteur de la dépendance en attirant davantage de main-d’œuvre. Un pari malaisé tant ces métiers, qui emploient entre 1 % et 2 % de la population active, restent prisonniers de leur image négative : mal rémunérés, harassants, peu qualifiés, ils font l’objet d’un rapide turnover, très coûteux pour les États. L’OCDE suggère donc aux gouvernements d’améliorer les rémunérations et conditions de travail. À titre d’exemple, la Belgique, les Pays-Bas et la Suède sont parvenus à fidéliser leur main-d’œuvre grâce à des conventions collectives prenant en compte les années d’expérience dans la fixation des salaires. Le recours à des travailleurs migrants est aussi encouragé, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Autriche ou en Grèce.
La France citée en exemple.
Trouver un équilibre entre qualité de la prise en charge et viabilité des dispositifs, est le second enjeu que doivent relever les États. Le constat de l’OCDE est sans ambiguïté : « La prise en charge de la dépendance est trop onéreuse, à part pour les plus aisés qui peuvent se l’offrir. Même les individus qui jouissent d’un revenu supérieur à la moyenne peuvent consacrer jusqu’à 60 % de ce dont ils disposent aux soins ». Et ce, quels que soient les modes de financement des pays, très hétérogènes : 1/3 propose une couverture universelle, le reste opte pour des prestations universelles (en espèce en France, en nature en Australie) ou un système d’aides sous condition de ressources (aux États-Unis ou au Royaume-Uni).
Les gouvernements sont incités à répartir davantage la charge, en privilégiant les prestations universelles ciblées sur les plus nécessiteux, ou un partenariat public-privé. Toutefois, l’assurance privée doit rester une niche, prévient l’OCDE, même en France qui est l’un des principaux marchés de l’assurance dépendance, avec les États-Unis. A contrario, l’organisation distingue l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) française, comme « un bon exemple d’universalisme ciblé, où le niveau de prestations varie selon le niveau de soins de l’usager ainsi que de son revenu ».
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