Les premiers résultats de la troisième édition de l’étude Entred ont été publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 8 novembre 2022 (1). Cet échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques a porté sur un peu moins de 10 000 adultes tirés au sort en 2019.
Tout en conservant une méthodologie similaire à celle utilisée dans les éditions précédentes, Entred 3 a pu bénéficier des données du Système national des données de santé (SNDS) sur les hospitalisations durant les dix années précédentes. Ce premier article rapporte les caractéristiques recueillies par une enquête auprès des personnes diabétiques vivant en France métropolitaine ; ce qui permet avant tout la comparaison avec les données des éditions antérieures, la dernière datant de 2007.
En ce qui concerne le diabète de type 2, si on n’observe pas de progrès en termes de poids (avec 80 % de surpoids et d’obésité) et de tabagisme (13 %), on enregistre en revanche un progrès continu en matière de traitements antihypertenseurs et hypolipémiants. Cela explique très sûrement la réduction rapportée par les patients des complications coronariennes. Les publications ultérieures diront si la diminution rapportée de la perte de vue d’un œil et d’un mal perforant plantaire est corrélée, comme on peut le penser, à une amélioration de l’équilibre glycémique et du suivi médical.
Le vieillissement enregistré de la population des diabétiques de type 2 et l’allongement de la durée moyenne du diabète témoignent à la fois du ralentissement de la progression de l’incidence de la maladie et de l’accroissement de l’espérance de vie des patients traités.
Les patients diabétiques de type 1 sont plus jeunes comme on pouvait s’y attendre, avec un niveau socioculturel plus élevé. Ils ont un diabète plus ancien, présentent moins de complications macrovasculaires mais nettement plus de complications microvasculaires. Ce qui frappe, concernant ce diabète qu’on appelait jadis maigre, est le pourcentage de patients en surpoids ou obèses (50 %) et tabagiques (25 %). Si bien que le phénotype moderne du diabète de type 1 associe, à la carence insulinique absolue, le développement d’une insulinorésistance, autrefois l’apanage du diabète de type 2.
D’après ces premières données, déclaratives, le tabagisme semble se maintenir à un taux élevé chez les patients diabétiques, de même que l’alcoolisme, autour de 11 %.
Exergue : L’insulinorésistance s’associe désormais à la carence insulinique absolue
Professeur Émérite, Hôpital de la Pitié Salpêtrière, AP-HP (1) Fosse-Edorh S et al. Bull Epidémiol Hebd. 2022;(22):383-92