Automédication : les industriels défendent le « parcours de soins officinal » et promettent de libérer du temps médical

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Publié le 14/09/2021
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Crédit photo : S Toubon

« Le rôle du pharmacien d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'il y a dix ans. On considère que l'environnement est propice au changement », a lancé ce mardi Vincent Cotard, nouveau président de NèreS* (ex-Afipa). L’association qui agrège 80 000 produits vendus en automédication en pharmacie a dévoilé plusieurs propositions dans le cadre de l'élection présidentielle pour renforcer l'accessibilité du système de santé.

La mesure phare est la mise en place d'un « parcours de soins officinal ». Déjà porté par cette association, le concept revient en force, à la lumière des enseignements de l'épidémie. Il s'agit de s'appuyer sur les compétences élargies des pharmaciens pour améliorer l’accessibilité aux soins de premier recours. « Ce parcours commence par l'analyse des besoins et des attentes des patients, précise Luc Besançon, délégué général de NèreS. Cela aboutit soit à des conseils qui peuvent être complétés par la dispensation appropriée de produits, soit à une réorientation du patient vers un médecin généraliste, un autre professionnel de santé ou les urgences. Il est important que cette orientation soit faite idéalement dans le cadre d'un exercice coordonné. » 

Inscription dans le DP

Les industriels du secteur proposent que la dispensation des produits d'automédication – dont les médicaments à prescription médicale facultative – soit systématiquement inscrite dans le dossier pharmaceutique (DP), comme c’est le cas pour les médicaments prescrits, ainsi que les dispositifs médicaux et les compléments alimentaires que le pharmacien juge pertinent d’y faire figurer. « Dès lors que le DP sera à terme accessible aux médecins via le DMP, les médecins traitants pourront avoir une information beaucoup plus exhaustive sur l'ensemble des thérapeutiques mais aussi sur les problématiques rencontrées par les patients », précise le délégué général de NèreS.

Pour favoriser ce parcours officinal, l'association suggère des abattements fiscaux pour les patients à l'instar de ce qui se pratique dans certains pays (Japon, Allemagne), ou la prise en charge par les complémentaires et/ou les conseils régionaux/départementaux, notamment « pour des populations les plus modestes ou ayant un accès plus difficile aux généralistes ».

Une autre proposition concerne le délistage de certaines molécules, soumises à prescription médicale obligatoire. « Ce délistage complet (...) conduirait à une économie nette de 338 millions d’euros en année pleine. Ces économies sont réparties à 70 % sur les consultations médicales (généralistes et spécialistes libéraux) et à 30 % sur la prise en charge des références », précise NèreS.

Gain de deux heures de consultation

Plus globalement, NèreS invite les candidats à avoir « une vision politique et stratégique sur la place des produits de santé et de prévention de premier recours ». « On leur propose d'avoir un rapport de l'IGAS ou une mission parlementaire sur le sujet. Le dernier rapport date de 2007 », déplore Vincent Cotard.

Selon l'association, la montée en puissance des produits de premier recours serait synonyme… de gain de temps médical pour chaque praticien. Consultations inutiles, trajets épargnés pour les patients : « On va gagner plus de deux heures de consultation par jour », prétend le président de l'association, citant une étude à paraître (d'ici à la fin de l'année) de l’Association of the European Self-Care Industry (AESGP). Aujourd'hui, 25 % des visites en pharmacie ont pour objet l’achat de produits de santé et de prévention de premier recours soit environ 310 millions de visites en pharmacie par an. 

Dans un marché en berne, les industriels défendent aussi l'assouplissement du cadre de la vente en ligne des médicaments à prescription médicale facultative, le développement d'une politique de prévention précoce qui intègre l'officine ou la promotion des filières de production en France et en Europe. Leur plateforme en ligne sera enrichie au fur à mesure des échanges avec les candidats à la présidentielle.

* NèreS est l’association professionnelle qui représente les labos pharmaceutiques qui produisent et commercialisent des produits de santé et de prévention de premier recours disponibles en pharmacie sans ordonnance (médicaments de prescription médicale facultative, dispositifs médicaux et compléments alimentaires). 


Source : lequotidiendumedecin.fr