Parce qu’un professionnel peut se tromper, la justice s’en remet dans les cas « graves » à l’accord inter-consensuel d’un jury. Parce qu’un médecin est un professionnel de santé et donc à ce titre peut faillir, un comité pluridisciplinaire se réunit autour des cas complexes, et cela est parfaitement adapté et va dans l’intérêt du patient.
Je ne suis pas sûr qu’il en va de même pour la publicité actuellement radiodiffusée proposant aux patients « un deuxième avis médical » en moins de sept jours, comme si un délai supérieur d’attente était indécent… Ce qui me paraît particulièrement indécent et délétère pour le patient, est le fait qu’on l’incite de façon quasi-systématique à avoir recours à un autre avis, remettant en cause la validité du premier dont on peut bien se demander pour quelle raison on est allé le solliciter si c’est pour ne pas en tenir compte.
C’est toute la relation de confiance médecin-malade qui est remise en question
C’est toute la relation de confiance médecin-malade qui est remise en question par cette logique du « plusieurs devis ». Cette logique fait passer pour un naïf, voire un idiot, celui qui n’y souscrit pas. Ce naïf sera en butte aux lazzi de ses proches en cas de « non-amélioration », ceux-là ne tarderont pas à lui reprocher « mais je te l’avais bien dit, tu aurais dû prendre un deuxième avis ! ». Tout comme le consentement éclairé requis altère considérablement le bénéfice scientifique du « double aveugle contre placebo », l’appel, aux assises, remet tout autant en question la validité du jugement d’un jury qui n’a pas plus de raisons d’être faillible que le second qui lui succède. À ce propos on dit second quand il n’y a pas de troisième, et deuxième quand il y a une suite ou simplement un troisième… La publicité en question recommande de prendre un deuxième avis !
Comme les banques soulignent à leurs clients que, faire un crédit entraîne des conséquences, cette publicité devrait mentionner que, si demander un deuxième avis peut – éventuellement – apporter un bénéfice, cette démarche peut entacher irrémédiablement la complexe relation médecin-malade, en tout cas obombrer définitivement le rapport mutuel de confiance nécessaire au diagnostic et à la pertinence des soins.
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