Depuis quelques semaines les journalistes ont relaté de manière répétitive les affres vécus par les habitants des quartiers nord de Marseille. Outre le problème d’un taux de chômage important dans ces cités, la libre circulation des forces de l’ordre et des citoyens reste parfois très compliquée. En effet, ces zones ont, depuis des décennies, été volontairement laissées à l’écart de la belle société phocéenne.
Des trafiquants ont pu en toute impunité vendre de la drogue, et du fait d’une répression quasi-inexistante ils ont pu définir leurs propres règles au sein de ces quartiers. Cependant, les décès de jeunes trafiquants relayés par les médias qui ont conduit à une prise de conscience de certains ont quelque peu modifié la donne. Ainsi notre président s’est volontairement déplacé sur Marseille pour apprécier la réalité concernant les zones dites de non droit.
La pénalisation du cannabis en question
A l’issue de ce déplacement, Emmanuel Macron a beaucoup parlé de drogues et des conséquences sur la population de ces cités. En étant très ferme, il a expliqué qu’il fallait arrêter les trafics de stupéfiants, quelque soit l’origine. En parallèle, il a expliqué qu’il était nécessaire d’être exemplaire quant aux sanctions infligées aux dealers et aux consommateurs (ils sont également les complices de ce commerce illicite).
De tels propos sont tout à fait appropriés car si on réduit la demande, il est également possible que l’offre se tarisse. Néanmoins, nous ne pouvons qu'être dubitatifs suite à de tels propos car depuis de nombreuses années les consommateurs de cannabis ne sont pas réellement inquiétés par les pouvoirs publics qui ferment les yeux sur ces pratiques.
Or de nombreuses études ont montré les conséquences désastreuses d’une telle consommation chez les jeunes. Certains adolescents décompensent une pathologie psychiatrique sous-jacente à la suite d’une addiction au cannabis.
Comment peut-on être crédible dans le domaine de la lutte contre la toxicomanie lorsqu’on accepte sciemment que près de 50% de la population française a été consommatrice de drogue durant sa vie, cela sans qu’aucune sanction pénale ne survienne ?
Un autre point mérite d’être soulevé, c’est le fait que les trafics de drogues sont observés sur Marseille, mais concernent également la totalité des grandes villes françaises. A ce titre, nous devons nous rappeler des affrontements entre les forces de l’ordre et la population de quartiers défavorisés dans la banlieue lyonnaise.
Après avoir informé les Français sur cette réalité à la télévision durant plusieurs jours, les journalistes sont devenus muets et n’ont pas apporté d’explications sur la suite donnée à ces conflits par les pouvoirs publics. Comme quoi, on se met des œillères pour éviter d’être confronté à des situations complexes et délicates dans leur prise en charge.
Une nécessaire reprise en main
Il est triste de voir que de nombreux citoyens, qu’ils soient dans des zones « favorisées » ou dans ces cités gangrenées par la drogue, considèrent qu’il est trop tard pour réagir. Nous ne pouvons rester insensibles à de telles idées, et nous avons le devoir de trouver des solutions car la France n’est pas un pays où règne l’anarchie.
Donner de l’argent pour rénover ces zones ou augmenter les effectifs policiers risque de ne pas donner les résultats escomptés, rien de plus qu’un saupoudrage électoraliste. Pour être efface, il faut que la totalité des habitants de ces quartiers participent à cette nouvelle donne que souhaite impulser le président.
Ainsi, il faut de manière prioritaire remettre au travail les personnes de ces cités au chômage en développant le créneau du travail d’utilité publique. D’autre part, il est important de convoquer toutes les personnes ayant un train de vie qui n’est pas en accord avec la situation déclarée auprès des pouvoirs publics.
Il est fondamental que, dans ces cités, l’école soit un outil d’ascension sociale. Pour ce faire, il faut inciter les instituteurs les plus aguerris à venir dans ces zones, et non les plus jeunes qui très rapidement sombrent dans la déprime. De plus, il est également important de faire participer l’ensemble des habitants de ces quartiers dans la gestion du quotidien.
« Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre » Gandhi.
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Exergue : Certains adolescents décompensent une pathologie psychiatrique sous-jacente à la suite d’une addiction au cannabis.
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