La prévention en médecine consiste à mettre en place des mesures pour éviter qu’une situation sanitaire ne se dégrade, et en tout cas que l’évolution vers une aggravation n’ait pas lieu, avec l’espoir qu’un jour, on puisse apporter une solution au moins partielle à un problème.
L’étude britannique des Prs Roy Taylor de Newcastle et Michael Lean de Glasgow (1), publiée le 5 décembre 2017 dans la revue The Lancet est très intéressante. Elle apporte une preuve irréfutable ; la perte de poids d’une quinzaine de kilos chez les patients diabétiques de type 2 permet chez 86 % d’entre eux d’obtenir une stabilisation, puis, assez rapidement une régression et une rémission de leur maladie. Ce pourcentage de succès est proportionnel au nombre de kilos perdus.
L’étude a également montré que la reprise de poids au terme de la période d’observation et du régime hypocalorique imposé, réinstallait le diabète de type 2 sur le devant de la scène.
Ce type d’expérimentation aurait certainement pu être étendu à d’autres affections comme l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires, l’apnée du sommeil et certainement quelques autres maladies. On aurait constaté que la perte de poids durable apportait une amélioration clinique, une diminution des prises de médicaments, un abandon de l’appareil à pression positive chez les apnéiques du sommeil, et d’une manière générale, une moindre évolution des complications de ces diverses maladies.
Un mode de prévention optimal
Considérons maintenant, en prenant l’exemple de la France, la population de tous les sujets en surpoids (IMC > 25) et distinguons au sein de celle-ci deux sous-groupes :
– celui des personnes dont l’excès pondéral va jusqu’à 15 kg (par exemple, taille 1,70 m, poids jusqu’à 85 kg) ;
– et celui des sujets dont l’excès pondéral dépasse 15 kg va jusqu’à l’obésité la plus sévère, c’est-à-dire l’obésité morbide (IMC > 40).
Imaginons la perte définitive de tous les kilos superflus des personnes du premier sous-groupe et la perte de 15 kg chez tous les sujets du deuxième sous-groupe. Les sujets du premier sous-groupe reviennent ainsi à leur poids physiologique (2) tandis que ceux du deuxième sous-groupe, en ayant réduit leur excès pondéral de 15 kg, s’en seront rapprochés.
Quels résultats peut-on espérer voir dans ces deux sous-groupes ?
Une telle perte de poids entraînera des bénéfices multiples tant sur le bien-être que sur la santé. On notera d’abord une très grande satisfaction de tous les sujets concernés qui retrouveront où se rapprocheront de la ligne qu’ils avaient quelques années plus tôt. On observera également, un regain de leur mobilité, et certainement de leur dynamisme, qu’ils manifesteront dans leurs activités personnelles et professionnelles. Beaucoup retrouveront confiance en eux-mêmes. Tous auront le sentiment d’avoir un peu rajeuni. Sur le plan de la santé, pour les sujets déjà traités pour des affections comme le diabète de type 2, une stabilisation de leur maladie, puis certainement une régression de celle-ci comme le prouve l’étude des professeurs Taylor et Lean, conduisant à une diminution de la posologie, puis du nombre de leurs médicaments, donc assurément un frein dans l’évolution de leur maladie.
On rappellera ici qu’il y a environ trois millions cinq patients diabétiques de type 2 sur le territoire français et que 84 % d’entre eux sont en surpoids, que les dépenses individuelles annuelles pour cette pathologie sont estimées entre 4 000 et 5 000 €.
Courra-t-on dans le même temps, le risque de voir, dans l’un ou l’autre de ces deux groupes, certains sujets mourir de faim ou tomber malades des suites de cette perte de poids ? Bien évidemment, non. On trouve dans une telle approche le substrat d’une prévention idéale car elle englobe toutes les autres en réunissant les trois attributs emblématiques : primaire, secondaire et tertiaire. C’est cet objectif et nul autre qu’il convient de se fixer, en veillant bien entendu à respecter les souhaits individuels.
Moins 15 kg sans difficulté majeure
Cet objectif tient en une phrase : il faut essayer de faire perdre, selon les besoins, jusqu’à 15 kg à tous ceux qui ont ce surpoids et 15 kg chez tous ceux qui ont ce surpoids ou davantage.
Il convient d’obtenir ce résultat de manière durable et dans la mesure du possible définitive. Je peux aujourd’hui affirmer que la perte de poids d’une quinzaine de kilos est accessible sans difficulté majeure pour toutes les personnes qui en manifestent le désir. J’ai expérimenté ce type de perte de poids depuis 2017 sur des groupes successifs de patients. Je ne dis pas que 100 % des personnes atteindront dans un premier temps cet objectif, mais ce sera d’emblée le cas pour un certain pourcentage d’entre elles.
L’obésité et le surpoids ne sont pas une fatalité. Avec une bonne approche, il est possible d’inverser la tendance.
(1) Ils ont été récompensés en 2024 par le Rank Price of nutrition.
(2) Le poids physiologique correspondant approximativement à la taille au-dessus du mètre pour les hommes, et à la taille au-dessus du mètre, moins quelques kilos pour les femmes.
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