En 2050, on prévoit qu’il y aura une personne sur deux atteintes de problèmes allergiques et qu’il manquera des spécialistes pour les soigner. La raison : c’est une spécialité qui n’attire pas car elle demande certaines qualités et est très mal rémunérée, le plus bas des spécialités.
Jusqu’à ma prise de retraite en juin 1998, j’ai été longtemps le seul allergologue général de toute la Haute Savoie et recevais des gens depuis Chamonix, Rumilly, etc. et même de Bellegarde, Aix-les-Bains.
J’étais membre de l’Académie européenne d’allergie, de la Société méditerranéenne d’allergie et membre associé de la Société française d’allergie dont je suis devenu membre titulaire après une publication sur une nouvelle série d’allergies sur 17 cas gynécologiques (j’ai travaillé avec un gynécologue qui me les envoyait).
La première fois que je voyais un client, c’était pour une heure. Cela permettait de bien échanger pour connaître son cas avec un allergène ou plusieurs et de vérifier par des tests cutanés et des seringues que je payais, d’attendre les résultats, de les expliquer. Et quand je le revoyais, de savoir si ces tests avaient apporté une réaction à son problème.
La désensibilisation aux pollens se fait en préventif. Toutefois, pour les personnes qui n’avaient rien prévu et étaient très mal, je faisais des tests pour voir la puissance de l’agression et entreprenais une cosaison. Une dose trop faible était inefficace, trop forte agressive. Il fallait donc trouver la bonne dose, ce qui n’est pas entrepris par tous les allergologues.
J’ai fait plein de désensibilisations, même à des microbes, à la poussière de maison, aux champignons, au candida albicans qu’on ne pourrait plus faire maintenant. Je suis content de m’être arrêté.
La désensibilisation de ceux qui avaient failli mourir par une piqûre de guêpe ou d’abeille, c’était moi qui leur faisais. Il y avait des précautions à prendre y compris des délais de quatre semaines au début puis cinq, puis six et à ne pas dépasser, d’où mes vacances qui ne dépassaient jamais quinze jours.
À mon départ, je n’ai pu trouver de remplaçant, au vu de tout ce que je faisais.
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