Un programme détonant et très « alléchant » dans le domaine de la santé ! Comme l’ensemble des politiques souhaitant briguer le poste de président de la République, Mme Hidalgo a fait campagne pour obtenir un nombre maximal de voix. Pour ce faire, comme tous les candidats potentiels, les politiques investis dans la course à la présidentielle abreuvent les électeurs potentiels de promesses qu’ils ne tiendront ou pas.
Mme Hidalgo a détaillé dans un article du « Quotidien du Médecin » (lequotidiendumedecin.fr 16/02/2002) les lignes de son futur programme concernant la santé des Français. Ainsi, concernant les déserts médicaux, elle a expliqué que la solution est avant tout de former plus de médecins, et pour ce faire elle propose la création de 15 000 places de médecins annuellement dans les universités pour donner la possibilité à un plus grand nombre de patients d’avoir un accès aux soins. En parallèle, elle propose une rémunération « conséquente » en 4e année d’internat pour favoriser un exercice dans un désert médical. Cette rémunération compense « le sacrifice » demandé à ces futurs confrères. Bien entendu, les collectivités en demande de professionnels de santé prendront en charge le logement des étudiants et également la voiture qui permet d’effectuer les visites auprès des plus âgés. Elle précise bien que les installations en zones sur-denses ne seront pas autorisées.
Flou sur la PDS
La notion de permanence des soins est prise en compte mais reste un peu floue. Elle est abordée sans réelles perspectives dans son mode futur d’application (obligations non effectives pour les médecins isolés ?). Il est mis en avant la notion de paiement en tant que service public de ce type de prestation, et l’obligation des gardes semble plus ou moins à l’ordre du jour du programme de notre candidate.
En y regardant de plus près, on remarque une certaine méconnaissance ou un mépris des étudiants et de la médecine libérale. Notre potentielle présidente souhaite augmenter de manière substantielle le nombre de médecins. Cela part d’une bonne intention, mais de quelle manière va-t-elle recruter des enseignants, et permettre d’avoir des places de stages pour des promotions aussi importantes ? C’est cette question qui a freiné l’élan « volontariste » de certains politiques qui ont compris qu’il était difficile d’augmenter de manière démesurée le nombre de places au sein des universités.
Mme Hidalgo parle du coup de pouce financier (on double leur salaire) donné aux étudiants qui iront tous en 4e année d’internat dans les déserts médicaux. Pourquoi plutôt que de rémunérer 3 000 € ces jeunes, ne pas leur donner un fixe, et un pourcentage représentant 80 % des consultations effectuées ? Se sacrifier pour travailler dans un désert, c’est aussi permettre à ces jeunes qui se sont investis comme des stakhanovistes d’avoir une récompense vis-à-vis des efforts effectués. De plus, aller dans une zone dépourvue de médecins peut être difficile, surtout sur une période de 6 mois ou un an lorsqu’on ne connaît personne, et qu’on a des difficultés pour avoir des activités en dehors de la période de travail. Cette situation peut générer un burn-out chez ces jeunes qui n’ont pas forcément voulu être affectés dans ces zones.
Enfin, la population prise en charge par ces étudiants aura des difficultés, surtout pour les patients ayant des pathologies chroniques, à accepter le turn over semestriel de médecins qui auront des visions différentes de la prise en charge de leur pathologie.
Pourquoi les jeunes devraient-ils se sacrifier ?
On oblige les étudiants en médecine de sacrifier une année d’étude dans un milieu qu’ils peuvent considérer comme étant hostile à leur épanouissement personnel. Dans ce contexte, pourquoi ne pas également décentraliser la formation de certains étudiants (les ingénieurs, ceux qui font Science politique…) ? Après tout il est important pour revitaliser les zones sous-denses de faire un appel aux jeunes qui donnent de la fraîcheur dans ces lieux quelque peu retirés et dépourvus d’une vie culturelle florissante.
Par ailleurs, la notion d’interdiction ou limitation d’exercice reste très floue, et on ne sait pas très bien de quelle manière elle sera appliquée et pour qui.
Tout aussi intéressant est la notion d’obligation de garde des médecins libéraux qui reste sur le bout des lèvres de Mme Hidalgo. Cette candidate oublie que les libéraux travaillent très dur en semaine, et même ceux qui ne sont dans leur cabinet que 3 jours par semaine (cas de ma femme) arrivent au bout de 7 jours à comptabiliser plus de 40 heures de travail. Aussi contraindre les libéraux, pour désengorger les hôpitaux, à faire des gardes en plus de leur travail, cela signifie qu’ils feront beaucoup plus que 35 heures/semaine. C’est amusant de voir une telle proposition de Mme Hidalgo qui officie à la mairie de Paris et qui rechigne à accepter le fait que ses employés puissent travailler 35 heures par semaine.
En guise de conclusion, les propositions de Mme Hidalgo auraient été plus appréciables si cette dernière avait fait l’effort d’aller sur le terrain (elle est surtout allée à la rencontre des hospitaliers, cela dans un but électoraliste). Cependant, il est probable que cette impréparation dans le domaine de la santé est en rapport avec ses chances (elle les a appréciées en toute intelligence) de devenir notre présidente, c'est-à-dire aucune.
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