LA HAS SERRE LA VIS SUR LES ANTI-ÉMÉTIQUES

Publié le 07/06/2019
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Vomissements

Vomissements
Crédit photo : CRISTINA PEDRAZZINI/SPL/PHANIE

La Haute autorité de santé (HAS) recommande désormais de réserver les antiémétiques aux seules affections sans caractère de gravité pouvant entraîner des vomissements et ayant à court terme des complications graves ou très gênantes. Après les mises en garde de l'ANSM, la HAS vient de mettre à plat les indications de ces molécules dans une fiche “bon usage”.

En cause, le risque d’effets indésirables cardiaques graves (arythmies ventriculaires, morts subites) et de troubles neurologiques. La HAS rappelle que « le traitement des nausées et des vomissements est étiologique » et précise que « ces médicaments ne sont pas destinés en première intention à des symptômes secondaires à des affections graves, comme après un acte opératoire ou dans le cadre d’un traitement anticancéreux - radiothérapie ou chimiothérapie. »

→ Pour la dompéridone (Motilium®, Péridys®, Oroperidys®), la posologie maximale est de 30 mg/j. Sa prescription est à éviter chez les femmes enceintes ou allaitantes et chez les sujets de plus de 60 ans. La dompéridone expose les patients à des arythmies ventriculaires graves et à une mort subite cardiaque du fait de l’allongement de l’intervalle QT et à des effets indésirables neurologiques rares. Il convient de prendre en compte les facteurs de risque : hypokaliémie, bradycardie, surdosage, autres médicaments allongeant l’intervalle QT, âge avancé.

→ Le métoclopramide (Anausin métoclopramide®, Primpéran®, Prokinyl LP®) ne doit pas être utilisé chez l’enfant (< 18 ans) pour les nausées et vomissements non induits. La posologie maximale est de 30 mg/j. Sa prescription est à éviter en cas de troubles de la conduction cardiaque, un déséquilibre électrolytique non corrigé, une bradycardie et en cas de coprescription d’autres médicaments connus pour allonger l’intervalle QT ; chez les sujets âgés et les femmes enceintes ou allaitantes.

Les risques du métoclopramide sont accrus avec les doses élevées des traitements de longue durée. Le risque de symptômes extra-pyramidaux est plus élevé chez les enfants. Des arythmies ventriculaires graves et des morts subites en lien avec l’allongement de l’intervalle QT sont aussi observés.

→ Pour la métopimazine (Vogalène®), le traitement ne doit pas excéder 5 jours et il est prescrit par voie orale avec prudence chez les sujets âgés ainsi qu’en cas d'insuffisance rénale ou hépatique (risque de surdosage). Il n’est pas établi que la métopimazine expose les patients à un risque accru de troubles du rythme cardiaque graves ou de morts subites. Des symptômes extra-pyramidaux à type de dyskinésies précoces (torticolis spasmodiques, crises oculogyres, trismus) ou de dyskinésies tardives peuvent survenir.

→ L’AMM des médicaments à base de dompéridone ou de métoclopramide a été retirée chez l’adulte et chez l’enfant dans le reflux gastro-œsophagien, la gastroparésie, la dyspepsie, les nausées et vomissements induits (par radiothérapie, chimiothérapie ou agoniste dopaminergique) et la stimulation de la montée laiteuse. La métopimazine n’avait pas d’AMM dans ces affections.

Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr