1. Quand penser à une laryngite aiguë ?
Elle est la cause la plus fréquente de dyspnée laryngée de l’enfant. Elle fait généralement suite à un épisode de rhinopharyngite virale. Le plus souvent vespérale, voire nocturne, elle se traduit par une dysphonie associée à une toux rauque caractéristique (cornage attestant le siège sous-glottique « en aboiement de petit chien ») et une dyspnée inspiratoire. Parfois, un train subfébrile est associé (38 à 38,5 °C).
C’est entre 3 mois et 3 ans que cette pathologie à prédominance automnale est la plus fréquente. Différents virus peuvent être à l’origine d’une laryngite : Myxovirus para-influenzae, adénovirus, VRS, virus influenzae… Aucun examen complémentaire ne doit être pratiqué avant la mise en place d’un traitement.
2. Quels diagnostics différentiels évoquer ?
• Avant tout, et du fait de sa gravité, il est essentiel d’éliminer une possible épiglottite aiguë bactérienne, induite par un Hæmophilus influenzae B chez un enfant non vacciné. Le tableau est généralement sérieux d’emblée, associant : fièvre (39 à 40 °C), hypersialorrhée, dysphagie et position penchée en avant.
• Les laryngotrachéobronchites bactériennes (staphylocoque, Hæmophilus influenzae ou streptocoque) sont généralement à l’origine d’un tableau septique franc (39 à 40 °C) et elles résistent à l’administration de corticoïdes au cabinet ou à domicile, et aux nébulisations d’adrénaline aux urgences.
• Devant une laryngite de l’enfant en bas âge (moins de 6 mois) ou en cas de laryngites à répétition (plus de trois en un an), il est nécessaire d’obtenir – dans les 10 jours suivant l’épisode aigu – l’avis d’un ORL pédiatrique afin d’éliminer une éventuelle malformation laryngée (angiome, laryngomalacie, tumeur, kyste, sténose…).
3. Quels patients garder en cabinet ?
Le traitement d’une laryngite aiguë en cabinet de médecine générale peut imposer un délai de surveillance de deux heures au moins afin d’apprécier l’efficacité du traitement et de transférer éventuellement l’enfant à l’hôpital en l’absence d’amélioration. L’enfant doit être installé calmement sur les genoux des parents et la position couchée ne doit pas être imposée. L’observation du jeune patient doit permettre de classifier la présentation clinique en trois degrés de gravité.
4. Quel traitement en cabinet ?
Dès qu’une laryngite aiguë est suspectée, une corticothérapie précoce doit être mise en place. La voie orale doit être privilégiée : prednisolone à la dose de 1 mg/kg. Ce traitement est contre-indiqué en cas de varicelle associée et chez les enfants drépanocytaires. En cas de détresse respiratoire ou de vomissements, une corticothérapie inhalée doit être proposée : budésonide 2 mg avec un appareil à aérosol ou directement avec une bouteille d’oxygène dans les cabinets équipés.
Les enfants souffrant de forme mineure peuvent regagner leur domicile sans traitement après un délai de surveillance d’une heure environ en salle d’attente.
En cas de forme modérée, la surveillance doit être plus longue. Et, si les signes s’aggravent, un transfert à l’hôpital ou une nébulisation d’adrénaline (5 mg, soit un volume de 5 ml) doit être réalisé si le cabinet est équipé. Dans ce cas, le délai de surveillance en salle d’attente doit être prolongé de 2 à 4 heures avant :
• soit un retour à domicile avec corticothérapie (prednisolone 1 mg/kg 1 à 2 fois par jour pendant 3 jours et surveillance par les parents),
• soit un transfert aux urgences pédiatriques où de nouvelles nébulisations d’adrénaline seront associées à une oxygénothérapie.
5. Comment prévenir la récidive ?
Certains enfants qui souffrent d’allergie ou de reflux gastro-œsophagien sont plus sensibles aux laryngites et doivent donc bénéficier d’un traitement spécifique. Mais, plus généralement, pour éviter les récidives, il convient d’insister auprès des parents pour leur faire adopter des gestes simples mais efficaces : privilégier une température de 18 à 20 °C, éviter les atmosphères trop chaudes et trop sèches, aérer les chambres ; éviter de fumer dans les lieux clos ; apprendre aux enfants dès 2 ans à se laver les mains, à utiliser des mouchoirs jetables, à éternuer dans le pli de son coude ; proscrire les échanges de biberons, de sucettes et de couverts, même au sein du foyer.
Dr Isabelle Catala (rédatrice), Dr Noémie Barthement (relectrice - urgences pédiatriques, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne)
BIBLIOGRAPHIE
1. NHSGGC Paediatric Clinical Guidelines. https://www.clinicalguidelines.scot.nhs.uk/nhsggc-paediatric-clinical-g…
2. Smith D, Mcdermott A, Sullivan J. Croup: Diagnosis and Management. Am Fam Physician. 2018 May 1;97(9):575-580.
3. Allison Gates et al. Glucocorticoids for croup in children. Cochrane Database Syst Rev. 2018. doi: 10.1002/14651858.CD001955.pub4
Étude et pratique
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Cas clinique
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