L’an dernier, le BEH nous annonçait que 80% des adultes français étaient carencés en vitamine D. Faut-il supplémenter tout le monde ? Si non, qui et comment ? La récente étude menée en soins primaires par le département de médecine générale de l’Université de Lyon Est sur le lien entre douleurs musculo-squelettiques et déficit sévère en vitamine D apporte des éléments de réponse.
› Des études rapportent selon les auteurs que « des patients jeunes qui consultent leur médecin généraliste en fin d’hiver avaient des taux de vitamine D très bas accompagnés de douleurs, de fatigue et de mauvaise qualité de vie physique sans altération de la qualité de vie psychique. » L’objectif principal de cette étude observationnelle et pragmatique était d’évaluer l’effet de la correction d’un déficit en vitamine D sur ces symptômes chez des patients jeunes. Ainsi, de février à avril 2009, 13 cabinets médecine générale de la région Rhône-Alpes ont participé à l’étude et ont inclus les patients âgés de 18 à 50 ans qui consultaient pour des douleurs musculo-squelettiques diffuses chroniques et/ou une fatigue inexpliquée, avec comme seule anomalie un déficit sérique en vitamine D. La limitation des observations aux patients jeunes sans antécédents ou maladies rhumatismales, permettait d’avoir un groupe homogène et d’éliminer les douleurs diffuses d’origine arthrosique notamment. Quarante-neuf dossiers complets ont été analysés.
› Selon la sévérité du déficit, des doses de 200 000 unités de vitamine D3 étaient préconisées. Pour un taux de vitamine D compris entre 50 et 75 nmol/L, une dose ; entre 30 et 50 nmol/L, deux doses espacées de 10 jours et pour une vitamine D inférieure à 30 nmol/L 3 doses espacées de 10 jours. Quarante à 60 jours après la dernière prise de vitamine D, un contrôle clinique et biologique était effectué.
› Trente-trois patients sur 49 avaient un déficit sévère, c’est-à- dire un taux inférieur à 30 nmol/L. Six patients (12,2 %) avaient un taux indosable ou inférieur ou égal à 10 mmol/L, 27 (55,1 %) un taux entre 10 et 30 mmol/L, et 16 (32,7 %) un taux entre 30 et 50 mmol/L. Les patients les plus carencés étaient ceux qui ne s’exposaient pas au soleil l’été et ceux qui consommaient le moins de produits laitiers. Les douleurs comme la fatigue évoluaient depuis au moins trois mois pour 35 patients à plusieurs années pour 6.
› De fortes doses de vitamine D (de 400 000 à 600 000 unités) ont été nécessaires pour corriger ces déficits. Mais cette correction a permis une diminution significative du niveau d’intensité douloureuse, de la consommation d’antalgiques et de la gêne à la réalisation des activités de la vie quotidienne suivantes : les courses, le ménage, une marche de plus d’un kilomètre et l’habillage. La correction a eu un impact positif tant au niveau physique, psychique, que social. « L’amélioration des symptômes survenait en moyenne au bout de trois mois, précise le Dr Marie-France Le Goaziou (coordinatrice de l’étude) qui ne prône pas le dosage de vitamine D chez tous les Français mais qui en revanche le préconise devant une asthénie ou des douleurs diffuses inexpliquées. « Il faut vraiment traiter les carences avec de bonnes doses de vitamine D, et une fois corrigés, ces déficits sont susceptibles de s’installer de nouveau chez les patients peu exposés au soleil. Ces derniers devraient être supplémentés en hiver. »
1- Le Goaziou M-F et al. Douleurs musculo-squelettiques non systématisées diffuses et déficit sévère en vitamine D. Étude avant-après en médecine générale, Presse Med (2013)
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