« Contrairement à d’autres pays, la France ne parvient pas à fournir des données de couverture vaccinale en temps quasi réel », constate le Pr Christian Perronne (CHU Raymond-Poincaré, Garches) dans l’éditorial du dernier BEH consacré aux outils de mesure de la couverture vaccinale en France (1). Or « la mesure de la couverture vaccinale est, au même titre que le suivi des maladies infectieuses, une donnée essentielle de santé publique pour vérifier l’impact réel des recommandations vaccinales sur la population et étudier des mesures d’ajustement si nécessaire ».
› Actuellement, en France, la mesure de cette couverture repose essentiellement sur l’exploitation des certificats de santé pour les nourrissons de moins de 2 ans et sur les enquêtes réalisées en milieu scolaire pour les enfants plus grands. Pour l’InVS, si ces deux dispositifs sont essentiels, « ils présentent cependant un certain nombre de limites ». En effet, « les certificats de santé sont peu réactifs aux changements du calendrier vaccinal en raison du délai nécessaire à leur adaptation et à leur diffusion » tandis que « les enquêtes scolaires nécessitent un fort investissement en temps et en ressources et ne fournissent des informations que tous les six ans pour un niveau scolaire donné ». Par ailleurs, au-delà de 15 ans, il n’y a pas de système permettant l’évaluation de la CV en routine.
› Dans ce contexte, de nouveaux outils ont été proposés comme le suivi des ventes de vaccins en pharmacies. Dans un travail mené en Auvergne, ces données ont permis d’évaluer avec pertinence l’impact d’une action de sensibilisation à la vaccination contre la rougeole, en montrant une augmentation des ventes de vaccins ROR consécutive à cette initiative. Cependant, elles ne permettent pas de déclinaison par classe d’âge, ce qui limite leur intérêt.
L’exploitation des données de remboursement de vaccin de la CNAM pourrait être davantage contributive. Grâce aux données issues d’un échantillon dédié de bénéficiaires de l’Assurance Maladie (Échantillon généralistes des bénéficiaires ou EGB), ces auteurs ont pu suivre quasiment en temps réel la couverture HPV, ce qui « a permis de mettre rapidement en évidence une tendance à la baisse de la couverture des jeunes filles de 14 ans en 2011 ». Un constat qui a sûrement pesé dans la récente décision du HCSP d’avancer à 11 ans l’âge de la vaccination HPV.
De façon plus générale, l’utilisation de l’EGB « permet d’obtenir des données sur les nouveaux vaccins ou sur les nouvelles stratégies vaccinales de manière rapide et fiable », estime l’Invs. Reste que ces données ne reflètent que les pratiques libérales, laissant ainsi de côté toutes les vaccinations réalisées en PMI, médecine du travail, centre de vaccinations, etc. Par ailleurs, elles ne peuvent pas s’appliquer à l’adulte, faute de recul suffisant.
› Concernant la mesure de la couverture chez l’adulte, « il apparaît donc nécessaire de développer d’autres outils comme le Carnet de vaccination électronique », plaide le Pr Perronne pour qui « un carnet de vaccination électronique bien conçu permettrait d’allier la surveillance de la couverture vaccinale en temps réel à la facilitation de l’observance du calendrier vaccinal par nos concitoyens ».
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