CAS Damien, 32 ans, consulte car il présente une lésion annulaire au niveau du gland.
Cette formation est apparue il y a près de trois mois de cela, et il a consulté deux confrères qui ont posé comme diagnostic une balanite candidosique.
Un traitement imidazolé a été méticuleusement appliqué, sans réel succès, et le patient a même observé une évolution de sa lésion qui se développe vers la verge, et se caractérise par des placards coalescents atrophiques au centre (photo).
De ce fait, il nous consulte afin de recevoir un autre traitement, car il a très peur que cette dermatose puisse évoluer péjorativement.
Cliniquement, on objective la présence d’une formation annulaire, associée à d’autres éléments à proximité, bien limitée du fait d’un bourrelet en relief, et dont la couleur blanche se différencie du revêtement cutané au pourtour.
Cette description est très caractéristique d’un lichen scléreux du gland.
INTRODUCTION
Le lichen scléreux est une dermatose inflammatoire chronique dont la prévalence au niveau génital chez l’homme est évaluée à 0,07 % (10 fois plus fréquente chez la femme).
Cette prévalence est probablement sous-estimée car cette pathologie est souvent méconnue, ou non étiquetée comme telle de manière formelle par les professionnels de santé.
Il existe une plus grande fréquence chez les patients non circoncis. Un pic d’incidence est observé chez les hommes de 30 ans, la fréquence étant plus réduite après 60 ans.
Le plus souvent, cette dermatose concerne chez l’homme le gland ou le prépuce.
Il est néanmoins possible d’observer le lichen scléreux au niveau du sillon balanopréputial, du frein, du méat ou de l’urètre antérieur.
CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES
Dans un premier temps, il est important de souligner que cette dermatose est fréquemment asymptomatique (on peut noter un prurit souvent discret). De ce fait, le diagnostic est effectué tardivement (au stade de phimosis).
Cependant, certains patients rapportent une douleur ou une sensation de tiraillement mal acceptée lors de l’érection, des brûlures ou une gêne lors des rapports sexuels.
La lésion type est une papule arrondie ou ovalaire hypochrome (on parle souvent de couleur blanc nacré) dont les limites sont nettes.
On met en évidence, également, une bordure surélevée de couleur rose pâle qui ceinture cette lésion.
Si elles sont nombreuses, les lésions peuvent parfois évoluer en devenant coalescentes avec un aspect atrophique.
Dans certains cas, il est possible d’observer des érosions cutanées (elles sont dues à une fragilité cutanée) responsables d’hémorragies, et dans certains cas des formes bulleuses.
DIAGNOSTIQUE ET ÉVOLUTION
Le diagnostic est avant tout clinique.
En cas de doute, un examen histologique est parfois utile. Il objective une hyperkératose orthokératosique et un œdème hyalin sous-épidermique en bande.
Cette dermatose peut évoluer en donnant des adhérences balanopréputiales, des sténoses du méat, un phimosis, ou dans certains cas une transformation maligne en carcinome épidermoïde (entre 0,3 et 4,9 % des cas).
Il est donc impératif d’effectuer une prise en charge adéquate.
PRISE EN CHARGE
La prise en charge repose sur l’application de dermocorticoïdes de classe forte, de tacrolimus, d’acitrétine.
Il est également possible d’effectuer une injection d’acétonide de triamcinolone en cas d’inefficacité des traitements précédents.
Enfin, tout professionnel de santé doit régulièrement suivre ces patients du fait d’un potentiel évolutif malin de ce type de lésion.
Dr Pierre Francès (médecin généraliste à Banyuls-sur-Mer), Vlada Liaschenko (externe à Montpellier), Cécilia d’Andrea (médecin généraliste à Théza), Inès Jose (interne en médecine générale à Montpellier)
Bibliographie
1. Saurat JH, Lipsker D, Thomas L, Borradori L, Lachapelle JM. Dermatoses des états auto-inflammatoires et auto-immuns. Chapitre 5. Dans : Dermatologie er infections sexuellement transmissibles. Ed Elsevier Masson 2017.
2. Dauendorffer JN, Ly S. Lésions génitales précancéreuses. Chapitre 8. Dans : Dermatologie génitale masculine et féminine. Ed. Elsevier 2021.
3. Dauendorffer JN, Cavelier-Balloy B, Halioua B, Renaud-Vilmer C. Lichen plan génital chez l’homme. Annales de Dermatologie et de Vénérologie 2015 ; 142 : 373-375.
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