J’EXPLIQUE
• Le méningocoque est l’une des principales bactéries responsables de méningite dans le monde. Dans 26 % des cas, il peut provoquer des septicémies parfois foudroyantes (purpura fulminans). La contamination est interhumaine, par contact direct et prolongé avec les sécrétions oropharyngées. Le portage oropharyngé concerne 10-20 % des sujets sains.
• La France compte 600 infections invasives à méningocoque (IIM) par an, avec un 1er pic chez les < 1 an et un 2e chez les 16-20 ans. Le sérogroupe B prédomine (64 %) suivi du C (28 %). La mortalité globale est de 10 %.
• Le diagnostic d’IIM est urgent mais difficile. Avant trois mois, les symptômes sont aspécifiques : fièvre, altération brutale de l’état général, modification du teint, troubles de la réactivité et de l’interactivité, irritabilité, hypotonie axiale, douleurs diffuses, hyperesthésie. Chez l’enfant, le syndrome méningé typique est fréquemment franc mais tardif (médiane > 13 heures) et des symptômes trompeurs existent (douleurs des membres/abdominales, diarrhées, soif, etc.).
JE MONTRE
J’INFORME
• Dans les pays ayant une couverture vaccinale > 80 %, les IIM-C ont pratiquement disparu. Elle est de 94 % aux Pays-Bas, où les IIM-C chez les 2-18 ans vaccinés ont chuté de 99 %, mais aussi chez les autres, notamment les < 1 an (– 94 %). La vaccination induit ainsi une immunité de groupe en réduisant le portage oropharyngé asymptomatique, et donc la transmission.
• En France, fin 2016, la couverture vaccinale contre les IIM-C était estimée à 70,9 % à 24 mois ; 65,5 % chez les 3-9 ans ; 35,7 % chez les 10-14 ans ; 25,5 % chez les 15-19 ans ; 10,1 % chez les 20-24 ans. Ces chiffres, bien qu’en progression, ne sont pas suffisants pour obtenir une immunité de groupe, et protéger les plus jeunes, ce qui explique l’augmentation observée d’incidence des IIM-C chez les nourrissons < 1 an.
• Entre 2011 et 2017, 317 IIM-C sont survenues chez les < 24 ans non vaccinés : les 31 décès qui en ont résulté auraient pratiquement tous été évités par une couverture vaccinale optimale.
JE PRESCRIS
• On recommande depuis 2017 une dose de vaccin antiméningococcique C (Neisvac®) à cinq mois de vie. L’objectif est de protéger les nourrissons < 1 an qui restent vulnérables du fait de l’absence d’immunité de groupe. Un rappel est recommandé à douze mois (avec le même vaccin si possible).
• À partir d’un an et jusqu’à 24 ans révolus, en l’absence de primovaccination antérieure, le schéma comporte une dose unique.
• Certains patients ont un risque élevé de contracter une IIM : asplénie, déficit en complément ou en properdine, traitement par éculizumab, greffe de cellules souches hématopoïétiques. Ces patients doivent recevoir le vaccin tétravalent ACYW (avec rappel tous les cinq ans) et le vaccin anti-méningocoque B.
• Autour d’un cas d’IMM-B, le vaccin (Bexsero®) n’est recommandé qu’en cas de grappes de cas, d’épidémie ou d’hyperendémie, selon la décision de l’ARS. Il n’est pas recommandé chez les sujets contacts avec un cas sporadique d’IMM-B : la prévention des cas secondaires est efficacement assurée par la chimioprophylaxie.
• Dans le contexte épidémiologique actuel, le HCSP juge le rapport coût/efficacité du Bexsero® défavorable. Une dose coûte 88,15 euros et la primovaccination à partir de deux mois comprend trois doses, suivies d’un rappel, sachant que la co-administration avec les autres vaccins augmente la fréquence et l’intensité des réactions fébriles. La durée de protection, probablement courte, n’est pas connue.
• Autour d’un cas d’IIM A, C, Y, W, la vaccination des sujets contacts est recommandée dans les dix jours. On utilise soit le vaccin conjugué méningococcique C dès l’âge de deux mois en cas d’IIM-C, soit le vaccin tétravalent en cas d’IIM liée aux sérogroupes A, Y, W (Nimenrix® à partir de l’âge de six semaines, Menveo® à partir de deux ans).
J’ALERTE
• Le purpura fulminans, forme la plus grave, est fatal dans 20-25 % des cas ; 20-30 % des survivants présentent des séquelles neurosensorielles et/ou nécessitent des greffes de peau ou amputations. La moitié des mères présentent au décours un état de stress post-traumatique.
• Le rash purpurique est spécifique mais tardif (12-18 heures après les premiers symptômes). Il justifie d’examiner l’enfant totalement nu. Comme au Royaume-Uni ou en Norvège, il pourrait être utile d’apprendre aux parents à faire le test de la vitropression.
• Une antibiothérapie intempestive peut limiter ou modifier les signes d’une méningite, et donc rendre son diagnostic plus difficile, et plus tardif.
JE RENVOIE SUR LE WEB
www.info-meningocoque.fr (site de Santé publique France et du ministère de la Santé)
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