L’ Institut de veille sanitaire estime qu’en France, 4 % à 8,5 % des cancers seraient attribuables à des expositions d’origine professionnelle. Pourtant, ces cancers sont sous-déclarés entraînant leur non-indemnisation au titre des maladies professionnelles et une protection sociale amoindrie pour le salarié. Selon l’INCa qui vient de publier un document à destination des professionnels de santé pour les aider à repérer et déclarer un cancer professionnel (1), les raisons tiennent essentiellement à deux phénomènes. D’une part la latence importante de survenue du cancer, la plupart se déclarant alors que le patient a déjà cessé son activité professionnelle, échappant ainsi à la surveillance de la médecine du travail. D’autre part, les facteurs de risque mal connus des médecins.
› Si l’amiante est la substance cancérigène la mieux connue, les gaz d’échappement diesel, les huiles minérales entières, la silice cristalline des métiers du bâtiment ainsi que le plomb et ses dérivés, etc., le sont moins. L’InCA rappelle aussi que les substances chimiques ne sont les seules en cause. Les agents physiques comme les rayonnements ionisants ou agents biologiques comme les virus de l’hépatite B et C sont aussi responsables de cancers professionnels.
› Le secteur de la construction est le secteur le plus concerné avec 31,9 % de ses salariés exposés. Les métiers du bâtiment et des travaux publics exposent à l’amiante, à la silice cristalline, aux huiles minérales, suies, au chrome hexavalent, aux goudrons, aux dérivés du plomb, etc. Les métiers de plombiers, de chauffagistes, d’électriciens ou d’activités de maintenance exposent à l’amiante.
Arrive ensuite le secteur de l’industrie lui aussi très exposé aux facteurs de risque de cancer (17,7 % des salariés) : métiers de la métallurgie, sidérurgie, fonderie (amiante, huiles minérales, goudrons, suies et dérivés de combustion de charbon, cadmium, nickel, etc.), construction et réparation navale (amiante, fumées de soudage, etc.). L’agriculture et la viticulture rassemblent 13,5 % des salariés potentiellement exposés aux insecticides arsenicaux, organochlorés, fongicides arsenicaux, herbicides, etc.
En bonne place de cette liste indicative figurent aussi les métiers des cuirs et peaux (arsenic, chrome, etc.), ceux en rapport avec la peinture (silice cristalline, dérivés du plomb, trichloréthylène, amiante) ou le nettoyage à sec (perchloréthylène, etc.). Les personnels de santé, de laboratoires ou de recherche ne doivent pas être oubliés (radiations ionisantes, UV, certains virus, formaldéhyde, dérivés du chrome, dérivés du nickel, etc.)
› Outre le métier réalisé, certaines localisations de cancers doivent attirer l’attention comme le poumon, la vessie, la sphère ORL ou la peau ou certaines leucémies et, bien entendu, le mésothéliome.
› En pratique, la déclaration de maladie professionnelle doit être faite dans un délai de deux ans à partir de l’information d’un lien possible entre la maladie et l’activité professionnelle passée ou actuelle. Cette déclaration est accompagnée d’un certificat médical initial descriptif que tout médecin peut établir. Dans le doute, notamment quand la maladie n’est pas désignée dans un des tableaux de référence, le Centre régional de consultation de pathologie professionnelle peut être sollicité.
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