Dermatologie

Les éruptions aigües fébriles de l'enfant

Publié le 11/12/2015
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De la roséole bénigne à la rougeole complexe, l'analyse des éruptions fébriles repose sur les notions simples et précises d'interrogatoire et d'examen clinique. La surveillance est la règle. Le recours à la biologie reste rare.
Ces maladies éruptives, contagieuses, se manifestent principalement chez l’enfant car elles sont dues pour la plupart à des agents infectieux (bactériens ou viraux) chez qui elles constituent la primo-infection avant de leur conférer une immunité acquise.

LES ÉLÉMENTS DE LA STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE


Devant un exanthème fébrile de l’enfant, il faut rechercher ou demander :
– nombre de jours de fièvre ;
– atteinte des muqueuses : lèvres, langue, conjonctives ;
– prise d’un médicament.

→ Les éruptions qui n’inquiètent pas sont, en général, les éruptions non spécifiques d’une cause ou, à l'inverse, les éruptions en rapport avec une cause facilement identifiable (type varicelle).
→ Les éruptions qui doivent inquiéter sont en général profuses, très fébriles, avec altération de l’état général, avec des critères cutanés spécifiques, parfois secondaires à une prise médicamenteuse (voir chapitre suivant sur les toxidermies), …



CES ÉRUPTIONS NON SPÉCIFIQUES QUI N’INQUIÈTENT PAS


• Situation fréquente.
• Exanthème roséoliforme, morbilliforme.
• Pas de signe de gravité :
– fièvre modérée de moins de 5 jours ;
– bon état général ;
– « cortège » viral: angine, toux, gastro, etc..

Les agents infectieux en cause sont typiquement : EBV (mononucléose infectieuse), CMV, HHV6 (exanthème subit), adénovirus, entérovirus de type coxsackie A 16 (syndrome pieds-mains-bouche), toxoplasmose, parvovirus (mégalérythème épidémique), etc.



CES ÉRUPTIONS QUI INQUIÈTENT


Les critères cliniques qui doivent alerter :
- altération de l’état général (l’enfant est grognon) ;
- importance et durée de la fièvre ;
- atteinte des muqueuses (chéilite) ;
- intensité et caractéristiques de l’éruption : douleur cutanée et décollements cutanés.

Exemples : rougeole, maladie de Kawasaki, toxidermies. 




QUELQUES EXEMPLES :



  • SCARLATINE
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Streptocoque A toxinogène.
Foyer pharyngé.
Fièvre brutale à 40°C.
Angine, adp sous-maxillaires.
Exanthème scarlatiniforme qui prédomine dans les grands plis, aspect granité.
Dépapillation progressive en V de la pointe vers la base TDR +.
Desquamation J7-J14.
Amoxicilline 50 mg/kg/j (2 gr chez l’adulte) en 2 prises pendant 6 jours.
En cas d’allergie aux béta-lactamines, on utilisera les macrolides (ery-thromycine 10j ou azithromycine 5j).


 
  • ROUGEOLE

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Paramyxovirus.
Incubation : 10 à 12 jours.
Phase d’invasion, fièvre, catarrhe oculo-nasal : 2 à 4 jours.
Signe de Koplik inconstant (50% des cas).
Éruption maculo-papuleuse : 5 à 6 jours.
Conjonctivite /kératite/otite/diarrhée.
Guérison souvent avec desquamation.
Complications avec reprise de la fièvre :
Pneumopathies interstitielles virales (3% des patients).
Encéphalite post-infectieuse : 1/1 000.
Panencéphalite sclérosante subaiguë : 1/100 000.
Isolement, masque, éviction scolaire, vaccination des sujets contacts dans les 72 heures.
Déclaration obligatoire à l’ARS sans attendre la confirmation biologique (sérologie ou PCR).




  • MALADIE DE KAWASAKI
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Vascularite des vaisseaux de petit et moyen calibre.
Fièvre prolongée (>5j) résistante aux antipyrétiques.
Exanthème polymorphe du tronc.
Hyperthermie conjonctivale.
Lésions buccales (pharyngite, chéilite, langue framboisée, stomatite). Atteintes des extrémités (érythème paumes/plantes, œdème, desquamation).
Adénopathies unilatérales cervicales.
À adresser immédiatement aux urgences pédiatriques.
Risque en l’absence de traitement précoce : anévrysmes coronaires. Le pronostic coronaire dépend de la précocité du traitement par IVIG.




  • MEGALÉRYTHÈME ÉPIDÉMIQUE
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Parvovirus B19.
Plutôt au printemps.
Érythème maculo-papuleux des joues en forme de « paire de claques » ou en « masque de loup », suivi de macules rosées en « carte de géographie » sur les membres.
Parfois arthralgies inflammatoires.
Risque chez la femme enceinte au deuxième trimestre (sérologie en urgence à la maman, nounou, ou institutrice si grossesse).
Attention en cas de maladie de l’hémoglobine (maladie hémolytique chronique) car il existe un risque de crise erythroblastopénique aiguë).

 

D'après les communication des Drs Anne Bottet (CNGE) et Nathalie Bodak (SFD)

Source : lequotidiendumedecin.fr