« M. André B., 68 ans, est un fumeur invétéré depuis l'âge de 18 ans. Après un bilan pneumologique, son médecin lui annonce qu'il souffre désormais de BPCO... »
Une prévention à privilégier
Avec l'absence de consommation de tabac, le sevrage tabagique précoce reste le meilleur moyen de prévention de la BPCO. Pourtant selon le Dr Chantal Raherison, (épidémiologiste, CHU de Bordeaux) le risque de souffrir d’une BPCO n’est pas seulement lié au tabagisme à l’âge adulte mais aussi au tabagisme de la mère in utero, au tabagisme passif dans l’enfance et à des facteurs aérocontaminants comme ceux rencontrés par les agriculteurs ou les ouvriers du textile. C'est donc à chacune de ces étapes ou de ces circonstances que la prévention d'une BPCO doit être mise en œuvre, dans le cadre du suivi du médecin traitant mais aussi celui de la médecine du travail. Il reste qu'au-delà des outils et techniques de sevrage tabagique à disposition, l’incitation au sevrage reste le moyen de prévention le plus efficace de la survenue d'une BPCO que le médecin peut suggérer par la délivrance régulière d'un conseil minimal (voir ci-dessous) autour du tabac. Des études anglo-saxonnes ont démontré, il y a quelques années, que cette délivrance régulière était suivie d'un arrêt du tabac chez 5 % des fumeurs dans l'année. La survenue d'une grossesse ou d'une pathologie bronchorespiratoire sont des facteurs de motivation et donc de succès de ce sevrage.
Le conseil minimal le plus souvent possible
Ce conseil minimal consiste à simplement demander à chaque consultation si le patient fume toujours, s’il envisage un sevrage ou s’il a essayé de réduire sa consommation. Ce conseil doit éviter toute culpabilisation ou jugement de valeur pour ne pas altérer la qualité de la relation médecin-patient et laisser au patient l’initiative du moment du sevrage tabagique.
Traiter aussi les comorbidités
Mais une fois installée, l’évolution et la gravité de la BPCO vont dépendre aussi des comorbidités qui y sont fréquemment associées : « Les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle, l’anémie, les syndromes d’apnée du sommeil sont des facteurs de risque d’aggravation du déclin de la fonction respiratoire dans le cadre d’une BPCO » souligne le Dr Pierre-Régis Burgel, pneumologue à l’hôpital Cochin (Paris). Des comorbidités qu'il faut traiter parallèlement à la BPCO en expliquant au patient pourquoi ces traitements sont importants aussi pour modifier l’évolution de cette pathologie respiratoire. La poursuite du tabagisme est bien sûr un facteur aggravant d'une BPCO mais il est parfois difficile pour les patients les plus dépendants de les dissuader de continuer à fumer. Au médecin de chercher à les convaincre au fil du suivi médical que l’arrêt complet du tabagisme est impératif, sans culpabiliser inutilement le patient mais en le mettant face à sa responsabilité vis à vis de sa santé.
Faire régulièrement le point
Le suivi médical au long cours est l'occasion de faire le point sur l'évolution de la maladie, de s'enquérir de l'importance des symptômes comme la toux matinale, l'essoufflement à l'effort, les expectorations itératives et de souligner, le cas échéant, comment un traitement régulier peut réduire ces symptômes invalidants. A noter que le degré de tolérance à ces symptômes est très variable d'un patient à l'autre, certains étant rapidement gênés par une dyspnée d'effort, d'autres réduisant spontanément leur activité sans se plaindre de la réduction de leur périmètre d'activité. C'est pourquoi il est utile aussi d'objectiver l'amélioration potentielle de la BPCO avec un bilan pneumologique par un pneumologue au moins une fois par an : épreuves fonctionnelles respiratoires associées à la mesure des débits et des volumes pulmonaires, gaz du sang, oxymétrie nocturne, test à la marche de 6 minutes et une épreuve d'effort selon les recommandations du guide de l'HAS (Haute Autorité de Santé) sur l'insuffisance respiratoire chronique grave de l'adulte secondaire à une BPCO*. Ce bilan sera complété par une numération formule sanguine (NFS) avec plaquettes, une radio du thorax, un examen cytobactériologique des crachats... Le compte-rendu de ce bilan pneumologique peut constituer un argument de poids pour améliorer l'observance ou pour encourager la poursuite des traitements.
Une équipe de soignants à coordonner
En dehors du médecin traitant et du pneumologue correspondant, le suivi d'un patient souffrant d'une BPCO nécessite, à partir d'un certain degré d'évolution, l'intervention de plusieurs autres professionnels de santé comme le kinésithérapeute, l'infirmière, le prestataire de service pour une oxygénothérapie à domicile le cas échéant. Il appartient au médecin traitant de coordonner l'ensemble de ces professionnels en assurant une bonne communication avec et entre eux (cahier de transmission, numéro téléphone portable ou mail professionnel...). Le patient peut aussi être responsabilisé pour favoriser cette bonne communication en l'informant régulièrement de l'évolution de sa maladie et des raisons des différents soins et interventions. Enfin une diététicienne peut être sollicitée en cas de déséquilibre nutritionnel important ainsi qu'un psychiatre en présence de troubles anxiodépressifs fréquents chez ces sujets.
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