Repères patient

Otite moyenne aiguë : surveillance indispensable

Publié le 30/11/2012
Article réservé aux abonnés

L'otite moyenne aiguë est une infection ORL bénigne qui peut être rapidement soulagée par un traitement et des attitudes explicatives pour peu que la surveillance soit active.

J'EXPLIQUE

› L'oreille est une cavité creusée dans l'os, le rocher, à la base du crâne. Elle comprend trois parties, l'oreille externe, l'oreille moyenne et l'oreille interne (cf schéma). L'otite moyenne aiguë (OMA) est une infection qui se situe dans l'oreille moyenne avec production de mucosités et de pus qui augmentent la pression à l'intérieur de cette cavité. Comme cette cavité ne peut pas se dilater, c'est le tympan qui se bombe et parfois se rompt, à l'origine d'une douleur aiguë de l'oreille et parfois d'un écoulement du pus vers l'extérieur par le conduit auditif externe.

› L'oreille moyenne est en communication avec le rhinopharynx par l'intermédiaire des trompes d'Eustache. Les germes présents dans le rhinopharynx peuvent migrer au niveau de l'oreille moyenne pour donner une otite.

› Le diagnostic est posé devant l'association de signes généraux comme la douleur aiguë (l'enfant se touche l'oreille, pleure, est irritable), la fièvre, les frissons, les courbatures et un signe clinique observé à l'examen otoscopique : l'inflammation et le bombement de la membrane tympanique.

› Une otite peut survenir sur un terrain favorable comme celui du terrain atopique, des polluants atmosphériques (tabac à la maison, autres irritants atmosphériques, humidité...), rhinite chronique avec insuffisance de mouchage et de nettoyage du rhinopharynx, utilisation intempestive de cotons tiges...

JE PRESCRIS

› Les traitements mis en œuvre ont pour objectifs d'abord de soulager rapidement la douleur (paracétamol, ibuprofène...) puis de traiter ou prévenir une surinfection ou infection bactérienne.

› En présence d'une otite purulente, le traitement antibiotique réduit la durée et l'intensité des symptômes par une réduction de la pression dans l'oreille et l'écoulement du pus vers l'extérieur vont rapidement soulager la douleur mais la guérison spontanée est obtenue dans 85 % des cas en quelques jours. Selon des récentes recommandations*, bien que 85 % des otites purulentes guérissent spontanément, l’antibiothérapie réduit la durée et l’intensité des symptômes et augmente le pourcentage d’enfants guéris.

› Une réévaluation de l’enfant à 48-72 heures sous traitement symptomatique est conseillée. En l’absence d’amélioration ou en cas d’aggravation, une antibiothérapie doit être instituée.

› Si la symptomatologie est bruyante (fièvre élevée, otalgie intense) ou s’il existe des difficultés de compréhension des consignes, une antibiothérapie peut être prescrite d’emblée.

› Chez l’enfant de moins de 2 ans, l'antibiothérapie d’emblée est recommandée. Au-delà de deux ans, si les symptômes sont de faible intensité, l’abstention de toute antibiothérapie est recommandée en première intention.

› La durée de l'antibiothérapie doit être de 8 à 10 jours chez l'enfant de moins de deux ans et de 5 jours après deux ans.

› En prévention, il faut arrêter le tabagisme ambiant si nécessaire, moucher régulièrement les enfants avec instillations nasales de sérum physiologique, supprimer la tétine ou les sucettes chez le jeune enfant, se laver régulièrement les mains...

J'ALERTE

› Devant la persistance des symptômes malgré les traitements (fièvre, douleurs), il faut reconsulter au bout de 24 heures pour un enfant de moins de deux ans et 48h heures pour un enfant de plus de deux ans.

› Il est important aussi de respecter la durée du traitement (8 à 10 jours ou 5 jours) pour éviter le risque de récidive et de sélection des germes.

› En cas de perforation du tympan avec écoulement par le conduit auditif, un contrôle otoscopique est nécessaire après 4 semaines.

› En cas de suspicion de baisse de l'audition prolongée (hypoacousie), une nouvelle consultation est nécessaire avec une mesure de l'audition (audiométrie) pour dépister une lésion du tympan, le diagnostic éventuel d'otite chronique ou d'otite séreuse.

 

 

Dr Jean-Pierre Rageau avec le Dr Alain Elbaz (ORL, Levallois-Perret, 92)

Source : Le Généraliste: 2624