> L'irrigation nasale au sérum salé des enfants enrhumés n’est pas estampillée par la médecine basée sur les preuves mais elle reste utile en améliorant les symptômes de l'enfant enrhumé. C'est la conclusion d'une étude de médecine générale publiée dans le dernier numéro de la revue Exercer (1). Les auteurs ont balayé la littérature médicale sur le lavage de nez pour répondre à cette problématique de médecine générale et aux inquiétudes des parents. Ils ont exploré indépendamment les bases de données MedLine, Embase, Google scholar et clinical trials jusqu’au 1er mars 2015 en englobant les abstracts de congrès d’ORL.
> Au final, ils ont extirpé, parmi 213 références sélectionnées, trois études contrôlées randomisées suffisamment solides sur 544 enfants de 3 mois à 12 ans atteints de rhinopharyngite aiguë virale ou post-virale. L’irrigation nasale a été comparée à des soins courants ou à l’utilisation de décongestionnant nasal.
> Certes, le lavage de nez diminue la rhinorrhée nasale dans deux études et améliore l’odorat et l’état respiratoire dans une étude et ce, sans effets collatéraux hors quelques épistaxis (0,7 % des cas dans l’essai le plus vaste). Une amélioration de l’état respiratoire et de l’état général est constatée dans une étude. Mais, le vrai problème réside dans la méthodologie des études vu l’impossibilité pratique du double aveugle. Les auteurs soulignent le risque de biais important rendant bien difficile l’interprétation des études. Du coup, la méta-analyse prévue tombe à l’eau car les critères de jugement sont très hétérogènes et les délais d’évaluation peu standardisés.
> La conclusion est logiquement en demi-teinte et « décevante » pour les auteurs : « malgré un niveau de preuves faible, l’irrigation nasale de sérum salé améliore les symptômes nasaux chez l’enfant en cas de rhinopharyngite aiguë ». Cette revue systématique volontariste s’est malheureusement heurtée à un manque de données consistantes sur ce sujet. Elle confirme les résultats d’une récente revue Cochrane qui malgré l’absence de restriction sur l’âge des patients inclus, identifie les mêmes rares études avec leurs limites intrinsèques d’interprétation, sans que le niveau de preuve ne soit jugé suffisant.
> Les auteurs appellent donc à des études randomisées de plus grande puissance avec un recueil standardisé de critères de jugement cliniques. Ils sont bien conscients de l'écueil prévisible du respect de la non-intervention dans le groupe contrôle. Pour eux, un essai « pragmatique » permettrait d'y voir plus clair. En pratique, sortez les mouchoirs !
Dans les rhinopharyngites du nourrisson et de l’enfant, l'irrigation nasale au sérum salé garde son intérêt du fait d’un rapport bénéfices/risques favorable. Pour autant, les effets bénéfiques sont, au prisme de la littérature, « limités ». Reste que le lavage de nez reste recommandé par l’assurance maladie (site ameli.fr) dans le cadre des bronchiolites et des rhinopharyngites.
1- Fournier JP, Rousseau R. Efficacité des irrigations nasales au sérum salé dans la rhinopharyngite aiguë de l’enfant âgé de 3 mois à 12 ans. FExercer, 2016, 124, supp 1, S16-S17
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