Gestion du Covid-19 : les ARS « au-dessous du niveau de la mer », selon les collectivités locales

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Publié le 29/10/2020
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Crédit photo : AFP et S.Toubon

Les agences régionales de santé (ARS) ont-elles été à la hauteur de la crise lors de la première vague épidémique ? La réponse est clairement négative à en croire les représentants des collectivités locales auditionnés mercredi 28 octobre dans le cadre de la commission d'enquête sur la gestion du Covid-19 de l'Assemblée nationale.

Interrogés sur les leçons qu'ils tirent de la crise et leur évaluation de la gestion qui a été celle de l'État lors de la première vague, les présidents des maires, des départements et des régions de France se montrent très sévères.

Effondrement de l'État

Premier à s'exprimer sur le sujet, le Dr Renaud Muselier, président de l'Association des régions de France (ARF), dénonce un « échec structurel » et une « illusion de contrôle » du gouvernement. « L'État est défaillant en matière de santé », a déclaré le médecin.

Lui emboîtant le pas, François Baroin, son homologue de l'Association des maires de France (AMF) va jusqu'à évoquer un « effondrement de l'État partout » et regrette, lors de la première vague, une volonté systématique de « rogner les pouvoirs des maires ».

« Nous espérons que les erreurs du printemps ne seront pas les erreurs de l'automne », a quant à lui déclaré Dominique Bussereau, président de l'Assemblée des départements de France (ADF), quelques heures seulement avant l'annonce d'un reconfinement par le chef de l'État.

Poupées russes

Cet « échec » qu'ils dénoncent, les trois responsables l'imputent tout particulièrement aux ARS jugées inefficaces en temps de crise. Pour Dominique Bussereau, elles ont carrément été « au-dessous du niveau de la mer ». Il leur reproche de n'avoir pas suffisamment informé et concerté les élus locaux. Le président du conseil départemental de Charente-Maritime illustre sa pensée par l'exemple : « dans mon département, avec le maire d'une commune, c'est dans la presse locale que nous avons appris le décès de quatorze résidents dans un EHPAD ». En ce sens, il salue l'initiative d'Olivier Véran consécutive au Ségur et consistant à renforcer l'organisation départementale des ARS.

« Le fonctionnement de ces poupées russes de l'État est lointain, ultra-centralisé et sans lien avec les élus », abonde François Baroin. Le maire de Troyes (Aube) tire à boulets rouges sur le directeur général de l'ARS Grand Est d'alors, remercié au cœur de la crise. « Nous avons appris qu'il avait suivi la gestion de la crise depuis chez lui à Paris alors que sa région était la plus touchée de France », déplore-t-il. Et l'édile d'enfoncer le clou : « N'ayant pas de place dans l'avion présidentiel lors de la visite d'Emmanuel Macron en Alsace, il n'a pas assisté à la réunion pour l'installation de l'hôpital de campagne à Mulhouse. »

Moins sévère que ses collègues, le Dr Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), admet avoir travaillé « main dans la main » avec l'ARS pendant la crise. Il fait ainsi le constat malheureux d'un fonctionnement de ces institutions trop lié « aux qualités des personnes qui les dirigent ».


Source : lequotidiendumedecin.fr