Que s’est-il exactement passé le 8 janvier 2025 aux urgences d’Annemasse ? Dans un article publié lundi 17 février, le site d’investigation Mediapart conteste en tout cas la version donnée par les soignants de l’hôpital privé Pays-de-Savoie à Annemasse (Haute-Savoie), qui avaient accusé deux hommes de les avoir violemment agressés dans la nuit du 8 au 9 janvier aux urgences de cet établissement du groupe de cliniques Ramsay. Le journal évoque un récit mensonger.
Ce fait divers grave avait occasionné un droit de retrait des professionnels du service des urgences et le déplacement, deux jours plus tard, du ministre de la Santé Yannick Neuder. Sur place, il avait promis une « tolérance zéro » et énuméré quelques mesures pour renforcer la protection des soignants.
Les deux frères de 25 et 33 ans mis en cause étaient venus aux urgences pour faire soigner le plus âgé, blessé à la suite d’un accident du travail. Mais alors que les soignants décrivent un déchaînement de violence (treize ont porté plainte), les prévenus contestent depuis le départ la version des professionnels de santé, expliquant avoir été eux-mêmes pris à partie, puis molestés, après avoir reproché à une aide-soignante de sentir l’alcool.
Mediapart, qui a eu accès à l’enquête de la police, révèle de nouveaux éléments. La nuit de la bagarre, plusieurs soignants n’étaient pas en service mais participaient à un repas de Noël organisé dans l’établissement. « Plusieurs témoignages relatent que certains sentaient l’alcool et que leur état d’ivresse faisait peu de doute », lit-on. Le journal mentionne une vidéo montrant une aide-soignante qui « donne un coup de pied » au patient venu pour être soigné « alors qu’il est étendu au sol ».
Un autre enregistrement montre un soignant, infirmier et responsable des urgences d’après le media numérique, frapper violemment une porte de la main droite « dix minutes après les faits » et après le départ des deux frères. Ce soignant aurait dit aux enquêteurs souffrir d’une entorse du poignet droit « prétendument causée par les coups portés » par le patient agresseur. Mediapart relaie aussi le témoignage de deux soignantes présentes au moment des faits, qui contredisent la version de leurs collègues plaignants.
Décision rendue le 10 mars
Les deux frères, après avoir quitté les urgences d’Annemasse, avaient rejoint l’hôpital de Genève, ou l’aîné est soigné pour sa fracture au bras, une autre au niveau de la pommette, et recousu au visage. Ils sont allés porter plainte le lendemain pour violence et non-assistance à personne en danger.
Lundi 17 février, l’un et l’autre ont été entendus par le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains, indique l’AFP. À nouveau, ils ont vigoureusement contesté les faits rapportés par les soignants. Le pot de Noël de l'équipe des urgences se déroulait bien ce soir-là, et des agents en service avaient rejoint ceux hors service. Mais « il n'y avait pas d'alcool », ont assuré de leur côté plusieurs parties civiles lors de l’audience.
Le tribunal a pu visionner les images des caméras de surveillance présentes dans le service, sauf celle qui aurait pu filmer la majorité de la scène mais qui était hors-service cette nuit-là. Certaines images montrent des gestes de violences difficilement attribuables aux uns ou aux autres, indique l’AFP.
Le procureur a requis une condamnation des deux frères à 18 mois d'emprisonnement dont six mois avec sursis probatoire, avec mandat de dépôt. La décision sera rendue le 10 mars.
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