Le feuilleton s’enlise. Lundi 24 février, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS, ministère de la Santé) a de nouveau réuni des syndicats et associations de praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) et le Centre national de gestion (CNG, en charge de l’organisation des concours et examens de médecine) pour discuter des nouvelles modalités des épreuves de vérification des connaissances (EVC, voie d’accès à l’autorisation de plein exercice pour tous les Padhue depuis 2024) pour la session 2025. Une concertation houleuse puisque dès le lendemain, l’association Ipadecc a menacé d’une grève de la faim à compter du 4 mars.
D’après son président par intérim, le Dr Abdelhalim Bensaidi, « une centaine voire plus » de praticiens seraient prêts à ne plus s’alimenter pour contester la voie que prennent les discussions sur la réforme des EVC. Un communiqué précise que le jeûne sera seulement alimentaire et, surtout, que les praticiens s’y soumettant continueront de participer à la permanence des soins dans les établissements de santé en portant un brassard rouge sur lequel est écrit « en grève ».
À l’origine de cette grogne, les résultats des EVC 2024 – pourtant pas à l’ordre du jour de la réunion. Alors que près de 3 800 postes étaient à pourvoir en médecine, toutes spécialités confondues, 20 % n’ont finalement pas été attribués à l’issue du concours. Et, d’une spécialité à l’autre, les notes éliminatoires sont très variables. Ainsi le dernier reçu en médecine générale aurait obtenu une moyenne de 12/20 aux épreuves, là où l’ultime lauréat en anesthésie-réanimation aurait réussi le concours avec 8/20. L’Ipadecc conteste donc ces résultats et milite pour une régularisation sur dossier des Padhue qui exercent depuis plusieurs années en France.
Sauf que pendant la réunion de lundi, la DGOS a maintenu son projet présenté le 12 décembre 2024 concernant la réforme des EVC à mettre en œuvre dès cette année : le ministère suggère en effet de scinder le concours en une voie interne pour les Padhue déjà en exercice en France, et une voie externe pour les autres, qui n’ont pas encore mis les pieds dans l’Hexagone. Il a aussi été question de remodeler le parcours de consolidation des connaissances (PCC), l’étape indispensable pour que les lauréats des EVC se forment et décrochent, à l’issue de cette période, une autorisation de plein exercice après un passage en commission.
Deux syndicats ont boycotté la réunion
Un scénario redouté par deux syndicats de Padhue – SOS Padhue et la Fédération des praticiens de santé (FPS) – qui ont préféré ne pas assister à la réunion qui devait pourtant rassembler l’ensemble des représentants des collectifs de praticiens à diplôme hors UE. « Notre rôle n’est pas d’avaliser les décisions prises à l’avance », plaident-ils dans une lettre ouverte adressée le 21 février au ministre de la Santé, Yannick Neuder, et à la Directrice générale de l’offre de soins, Marie Daudé.
Alors que l’actuelle mouture de la réforme maintient les EVC sous forme de concours, les deux collectifs préfèrent transformer ces épreuves en examen. « Ce qui est étonnant, c’est que Marie Daudé s’était auparavant montrée ouverte à cette idée de transformer les EVC en examen », soupire le Dr Ayoub Mdhafar, président de la FPS.
Une nouvelle réunion entre la DGOS, le CNG et les collectifs de Padhue est normalement prévue le 4 mars. C’est à l’issue de celle-ci que l’Ipadecc maintiendra, ou pas, son appel à la grève de la faim.
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