Aux urgences de Lariboisière (AP-HP), la situation est également compliquée. Contacté par « le Quotidien », le Dr Arnaud Depil-Duval, médecin dans le service, explique que l'absence de transports retarde beaucoup de personnels, donc les prises de poste et les transmissions en fin de service. « Cela rajoute de la pénibilité à des métiers déjà durs. Certains sont obligés de dormir sur place, mais ce n'est pas reposant comme une nuit chez soi et tout le monde sait que la fatigue génère des erreurs », souligne le Dr Depil-Duval, qui habite lui-même à Rouen.

Les conséquences pour les patients inquiètent le médecin. « Une aile de l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) a dû être fermée, car le personnel paramédical était bloqué et ne pouvait se rendre sur Paris. On hospitalise des patients dans le couloir à cause d'une grève de transports, lance le PH. Les camions de SMUR qui doivent sortir se retrouvent aussi bloqués dans les bouchons, l'autre jour l'un d'eux a mis 30 minutes pour aller dans le quartier Barbès, au lieu d'à peine cinq minutes d'habitude. Pour un problème cardiaque, ça fait la différence… »

Places d'hébergement et navettes

Face à ces nombreuses difficultés, l'AP-HP a indiqué avoir pris une série de mesures. Sept appartements, normalement destinés aux nouveaux arrivants, sont mis à disposition pendant la grève. À cela s'ajoutent 450 places d'hébergement : les lits des hôpitaux de semaine sont mis à disposition le week-end, ceux des hôpitaux de jours sont disponibles la nuit, a indiqué la direction à l'AFP. En tout, 1 200 personnes ont été hébergées depuis le 4 décembre, dans le groupe hospitalier Paris centre (Cochin, Hôtel-Dieu, Broca, La Collégiale, Necker, Georges-Pompidou, Corentin-Celton). Des garderies ont aussi été installées, en plus des crèches déjà existantes au sein des hôpitaux.

Un système de cars, avec trois navettes par jour reprenant le trajet des lignes de RER, est également prévu. Les premiers départs se font à 5 heures du matin pour arriver à 6h30 à l'hôpital, et la navette repart à 7 heures pour ramener le personnel de nuit chez lui. L'AP-HP s'est aussi associée avec une plateforme de covoiturage pour les trajets domicile/travail. Enfin, pour ceux qui louent des vélos mécaniques ou électriques, certains établissements sont disposés à rembourser les locations.

Le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch a par ailleurs affirmé son soutien à tous les personnels de ses hôpitaux « par ces temps difficiles ».