Indépendance des facs de médecine : des résultats décevants mais Lyon Est tient la corde, selon le Formindep

Publié le 14/04/2021

Crédit photo : Faculté de médecine de Lyon Est

« De légers progrès, mais peut faire beaucoup mieux. » C'est avec ce commentaire que le Formindep aurait pu résumer son 3e classement des facultés de médecine en matière d’indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. Comme en 2018, l’association a épinglé la politique de gestion des conflits d’intérêts des facultés, dont le chemin vers l’indépendance semble « encore long ».

Tout avait pourtant bien démarré, puisque le premier classement avait débouché quelques mois plus tard sur la publication d’une charte éthique et déontologique saluée par le Formindep et les organisations étudiantes dont l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG). Les classements 2018 et 2021 ont cherché à mesurer la mise en application effective de cette charte, en se basant sur 17 critères : adoption et diffusion de la charte auprès des enseignants, création d’une commission de déontologie, réalisation d’un examen du cumul d’activités, cours sur l'influence des firmes et les conflits d'intérêts, etc.

Une faculté sort du lot

Mais une fois de plus, les résultats du classement sont décevants : sur les 36 facultés de médecine de France évaluées, une seule a obtenu un score au-dessus de la moyenne (18 points sur 34 possibles) : Lyon Est, qui a choisi de se passer de tout financement de la part des industriels. Viennent ensuite 10 facultés ayant reçu entre 10 et 14 points : Tours (1er en 2018), Montpellier, Lille 2, Saint-Étienne, Nantes, Brest, Clermont-Ferrand, Nancy, Nice et Paris USVQ. Des scores semblables au classement 2018, puisque 10 facultés se tenaient à l’époque dans un mouchoir de poche (de 9 à 14 points). Loin devant les mauvais élèves qui sont aujourd’hui Besançon (2 points), La Réunion (2 points), Paris 13 Bobigny (4 points) ou Marseille (5 points).

Si l’on rentre dans les détails, on constate que de nombreux critères de la charte ne sont pas appliqués. À titre d’exemple, 6 critères sur 17 n’ont quasiment pas fait l’objet de mesures : diffusion de la charte ; déclarations publiques d’intérêt des instances de gouvernance d’une part et des enseignants d’autre part ; transparence des financements ; promotion de la charte dans les autres lieux de formation ; rédaction d’une politique de sanction en cas de manquement ; enseignements pour le 3e cycle hors médecine générale. Pire, certains scores sont en recul de moitié par rapport à 2018. À l’image du critère suivant : les cours de 1er cycle portant sur les stratégies d’influence des firmes pharmaceutiques et de produits de santé et les conflits d’intérêts.

Lenteur

Comment expliquer ces mauvais résultats ? Le contexte sanitaire, la réforme des études médicales et la fusion de certaines facultés peuvent justifier en partie le retard de la mise en place de la charte, selon le Formindep qui considère néanmoins que « la lenteur des changements était déjà constatée avant le début de la crise sanitaire et des réformes en cours ».

Mais tout n’est pas non plus si noir. Par exemple, un tiers des facultés a intégré le référent à l’intégrité scientifique et un représentant étudiant, comme le prévoit la charte.

Le Formindep se réjouit également de la création de la commission de déontologie dans la grande majorité des facultés. Une avancée qu’il convient néanmoins de relativiser puisque certaines d’entre elles n’ont jamais ou très peu siégé depuis leur mise en place il y a plusieurs années. Par ailleurs, quand les commissions siègent, « le sujet de la charte et de l’indépendance n’est le plus souvent pas abordé, voire rejeté », relève l’association qui milite plus que jamais pour « une véritable formation sur l’influence des firmes et les problèmes posés par les conflits d’intérêts ».

Julien Moschetti

Source : lequotidiendumedecin.fr