Les parents d'Élise, jeune interne d'hépato-gastro-entérologie qui s'est donné la mort en 2019, ont créé la Ligue pour la protection de la santé des étudiants et internes en médecine (LIPSEIM, lipseimcontact@gmail.com) pour combattre l'omerta liée au suicide des jeunes médecins et améliorer leurs conditions de travail.
C'était le 2 mai 2019. Élise, en première année d'hépato-gastro-entérologie à Lyon, s'éteint, suscitant une onde de choc chez les soignants. Dans une lettre poignante publiée le 2 mai 2020 au premier anniversaire de sa disparition (voir le texte ci-dessous), ses parents ont tenu à rendre hommage à leur fille « qui n'avait pas encore 25 ans » et à expliquer les raisons de la création de l'association. « Tu étais si heureuse du métier que tu avais choisi. Au service des autres, car tu as toujours aimé les gens, et au service de la science, car ton esprit vif et brillant adorait la complexité », peut-on lire.
Ils pointent un engagement sans limite, déclencheur d'un cercle vicieux. « Tu n’as pas perçu à quel point ce dévouement envers tes patients, cette passion pour la médecine, étaient en train de t’épuiser peu à peu. Tu travaillais beaucoup trop, sans repos, sans garde-fou, sans contrôle, et cela te paraissait parfaitement normal. Tu y as laissé la vie, toi qui pourtant l’aimais tant », écrivent-ils.
Pour sa mémoire, ses parents veulent faire bouger les lignes. C'est la raison pour laquelle l'association LIPSEIM est née. « Nous avons décidé de créer une association, la LIPSEIM, pour que les conditions de travail et de formation des étudiants en médecine deviennent simplement humaines et supportables, pour préserver leur santé et leur bien-être, pour soutenir aussi leurs proches », peut-on lire. « Nous refusons l’omerta, l’oubli et l’indifférence du système », ajoutent-ils.
Fédérer les familles
Contactée, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), qui apporte son aide à l'association, a expliqué au « Quotidien » qu'elle permet aux familles ayant perdu un enfant ou ayant un enfant en souffrance de ne pas être seuls et d'avoir un interlocuteur avec qui s'exprimer.
Cinq familles ont déjà pris contact avec la LIPSEIM ainsi que des internes ayant décroché de leur cursus. En fédérant des familles, l'association « souhaite aussi peser sur les décisions politiques, notamment sur le temps de travail et mener des actions judiciaires contre les établissements, les personnes ou encore la loi », précise Justin Breysse, président de l'ISNI.
L'initiative a aussi vocation à réaliser un état des lieux des suicides des internes et étudiants en médecine en France. « On demande une veille depuis plusieurs années, on ne l'a jamais eu, déplore Justin Breysse. Depuis janvier 2020, il y a déjà quatre cas de suspicions de suicide chez les internes. »
Lettre à Elise by Le Quotidien du Médecin on Scribd
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