« Foutu numerus clausus ! ». Au sortir du visionnage du film « Première année », cette mère d'une jeune fille en première année commune aux études de santé (PACES) n'y va pas par quatre chemins : « J’ai beaucoup aimé ce film qui recoupe ce que ma fille me raconte de son expérience, mais ça fait peur. Comme elle, j’aimerais que soit réformé ce système ! » Une rénovation engagée ce mardi par le gouvernement (lire p. 4).
À l'occasion de la projection la semaine dernière du dernier long-métrage du Dr Thomas Lilti au CGR d’Agen (Lot-et-Garonne), médecins, carabins, internes et responsables politiques agenais ont engagé un intense débat sur les études médicales. Lycéens tentés par un cursus santé et surtout familles, angoissées par la réputation infernale du cursus universitaire, étaient aussi de la partie.
Une année terrible
Pour beaucoup de médecins, le film, très apprécié, a fait remonter à la surface des images de leurs études médicales, plus ou moins douloureuses : « Ça remue des souvenirs, raconte le Dr Alexandra Martinière, jeune généraliste récemment installée à Astaffort, près d’Agen. C’est une belle mise en lumière d’une année terrible et de difficultés que le public n’imagine pas. Même si l’ambiance de ma fac, Poitiers, était plus détendue. »
« C’est à 95 % exact, confirme Toufik Bendjazia, président des internes de l’hôpital Agen-Nérac. En PACES, on entre dans un autre monde. Il faut bien connaître ses forces et ses faiblesses pour réussir ; c’est-à-dire répondre correctement à un questionnaire à un instant T. »
« Peut-on vraiment sélectionner de bons médecins par QCM ? Quid de la rencontre avec le patient qui n’intervient parfois qu’en troisième année ? Le film pose aussi ces questions », complète Nadège Lauzzana, déléguée à la santé de l’agglomération agenaise.
Suivre, ne rien dire, s’occuper de l’intendance
Du côté des familles, l’inquiétude domine. On s'interroge sur le rôle à jouer pendant la PACES pour épauler les graines de médecins. « Suivre, ne rien dire, s’occuper de l’intendance » tranche le Dr Pascal Séverac, généraliste agenais représentant du conseil de l’Ordre. Une « épouse et mère de médecin » suggère : « Louer une chambre près de la fac pour limiter le temps de transport ».
Autre thème soulevé à la faveur du visionnage du film : tutorat ou prépas privées ? « La prépa est bien pour ceux qui ont besoin d’un cadre, explique cette interne qui a vécu les deux modèles. Le tutorat peut être hyperperformant et important pour la rencontre, l’entraide. J’y ai trouvé mes meilleurs amis. »
« Je n’avais pas les moyens de faire une prépa, alors je remercie le tutorat, sans qui je ne serais pas là, souligne à son tour ce jeune interne agenais. Médecine, je ne voulais faire que cela, je n’avais pas de plan B. Alors mon message aux jeunes, c’est : n’ayez pas peur ! La première année est très difficile, mais c’est le plus beau métier du monde. L’important c’est la motivation, l’envie et le travail, le travail, le travail. » L’intervention a déchaîné les applaudissements et clôturé le débat de la plus belle façon.
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