« TOUS LES MÉDECINS, pas seulement les titulaires de la capacité en médecine de catastrophe et les hyperspécialistes de l’urgence sont invités », précise le médecin général René Noto. Et le président de la SFMC de déplorer la prise de conscience encore très limitée du corps médical. « Le faible pourcentage des praticiens vaccinés contre la grippe saisonnière fournit, à cet égard, un regrettable contre-témoignage, déplore-t-il, alors que preuve est faite que cette vaccination n’est pas sans intérêt dans un contexte pandémique. » Des médecins qui sont évidemment en première ligne dans le cadre d’un scénario catastrophe de grande échelle.
Catastrophes majeures européennes.
Les intervenants du colloque vont procéder à divers retours d’expériences européennes de catastrophes majeures : Fréjus, avec la rupture du barrage qui engloutit 423 personnes, en 1959 ; Messine, le tremblement de terre en Italie qui fit 150 000 morts, en 1908 ; les inondations aux Pays-Bas, en 1953, qui firent plus de 2 000 victimes. Pour la France, le bilan catastrophique dressé pour les cent dernières années totalise 5 catastrophes naturelles majeures ayant fait chacune au moins 1 000 morts, 31 catastrophes ayant entraîné de 100 à 1 000 morts et 57 accidents très graves, avec de 10 à 99 morts.
Toutes les leçons ont-elles été tirées d’autant de tragédies diverses, en termes de capacité d’anticipation, de formation des personnels et d’élaboration de moyens logistiques adaptés ? Évidemment, depuis le lancement de la SFMC, convient son président, des progrès importants ont été réalisés. Mais des lacunes subsistent. Pour la formation médicale, seulement neuf universités préparent actuellement à la capacité de médecine de catastrophe, note le Pr Noto : « A la différence de ce qu’ont organisé plusieurs pays, regrette-t-il, aucun enseignement obligatoire de gestion des crises sanitaires n’est dispensé dans les facultés françaises. Qu’un médecin généraliste sache en quoi consiste un plan ORSEC, un plan rouge, un plan blanc serait pourtant le minimum. De même, l’enseignement des critères du tri en contexte catastrophique est indispensable. À l’époque du service militaire obligatoire, tous les médecins hommes, à l’issue de leur cursus, recevaient, à l’école de santé de Libourne, une formation de médecine d’urgence et de secourisme. Aujourd’hui, la plupart des hospitaliers comme des généralistes de ville qui interviendraient lors de catastrophes, qu’elles soient d’origine infectieuse, climatique (crise de chaud ou de froid), chimique (nuages toxiques, légionellose) ou sismique, seraient tentés de pratiquer une médecine de prise en charge individuelle, alors que c’est le collectif qui devrait primer, avec le traitement du plus grand nombre de victimes, le mieux possible et dans les délais les plus courts. » De ce point de vue, les préoccupations des médecins de catastrophe rejoignent celles des humanitaires, confrontés à des problématiques de santé publique pour lesquelles les formations restent rares.
Des intervenants de l’OMS et la Commission de Bruxelles (DG San-Co) rappelleront que le format de toutes ces interventions est devenu international. « De même, souligne le Dr Sandrine Segovia-Kueny, secrétaire générale de la SFMC, également conseillère du ministre de l’Écologie, pour chacune des deux tables rondes que nous proposons (« Les enjeux des catastrophes environnementales » et « Se préparer, se former pour intervenir »), nous allons insister sur les approches non seulement médicales, mais aussi économiques et sociales des catastrophes. Quand on sait que plus de 200 millions de migrants environnementaux sont attendus dans les années qui viennent, on mesure à quel point les enjeux climatiques passent aujourd’hui par la mobilisation interdisciplinaire des décideurs ».
Vendredi 12 décembre, 9 h 15 à 17 h 30, ministère de l’Écologie, auditorium Serge Antoine, 20 avenue de Ségur, 75007, inscriptions au 01.40.81.30.61 et secretariat.segovia-kueny@developpement-durable.gouv.fr.
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