LE GOUVERNEMENT mise sur les bourses offertes aux étudiants et aux internes en médecine pour réduire les déserts médicaux. Prévu par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), le contrat d’engagement de service public (CESP) qui a vu le jour cette année n’a cependant pas soulevé un enthousiasme débordant chez les médecins de demain (encadré). Le gouvernement souhaitait la signature de 400 contrats dès cette année. Le président de la République affirmait récemment que 250 contrats avaient déjà été conclus. À peine 220 ont été paraphés par les étudiants et les internes, indique au « Quotidien » le ministère de la Santé.
« Certains parlent d’un semi-échec mais je préfère y voir une semi-victoire compte tenu du lancement tardif de la campagne, clame le Pr Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens. Les étudiants ne se sont pas précipités, préférant attendre pour voir. Il est donc trop tôt pour tirer des conclusions définitives ». Le Pr Patrick Berche voit de son côté le verre à moitié vide. « C’est en partie un échec, commente le doyen de Paris V. Les étudiants ont été réticents et seulement une cinquantaine d’internes ont signé un CESP ». Des étudiants qui projetaient déjà de s’installer dans une région sous dotée ont profité de l’effet d’aubaine que leur offrait la bourse. Le dispositif a également été choisi par des étudiants pour des raisons financières. « Ce contrat est une bonne chose car il sert d’ascenseur social, explique le Pr Berche. Mais le CESP ne réglera pas tout et il faudra un jour se résoudre à mettre en place un numerus clausus régional à l’installation ».
Pas de retour d’expérience.
Pourquoi les bourses, pourtant défendues par les associations d’étudiants et d’internes n’ont-elles pas fonctionné davantage à ce jour ? « La communication a été très tardive et elle a été mauvaise, explique Ingrid Bastide, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Et beaucoup d’étudiants se sont inquiétés de ne pas savoir quels postes spécifiques leur seront proposés lors du choix en amphithéâtre de garnison ».
Très peu d’internes ont choisi un CESP. Le manque de « prévisibilité » est également avancé par Bertrand Joly, président de l’Intersyndicat national des hôpitaux (ISNIH). « On ne sait pas ce que sera la démographie médicale dans cinq années, affirme-t-il. Le dispositif fonctionnera mieux l’année prochaine ».
« Il ne faut pas être trop critique car c’est la première année du dispositif, juge pour sa part Stéphane Munck, président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Les étudiants et internes n’ont pas eu de retour d’expérience des années précédentes ».
La réussite du dispositif dépendra également de l’investissement - très inégal - des agences régionales de santé (ARS). « Ceux qui ont signé cette année ont eu du courage », poursuit Stéphane Munck.
Le responsable d’une ARS s’inquiète des motivations qui ont poussé les candidats. « De nombreux étudiants de 2e année en difficulté financière ont demandé à bénéficier de la bourse sans avoir de projet médical défini, relate-t-il. Il peut y avoir un danger pour ces étudiants à s’engager dans ce dispositif alors qu’ils n’ont pas déterminé ce qu’ils veulent faire plus tard. Ce contrat devrait être ouvert aux étudiants de 4e ou 5e année ».
Le ministère de la Santé a lancé une enquête auprès des étudiants, internes, doyens et des administrations des ARS pour connaître les raisons du manque d’intérêt pour le CESP. Ses conclusions sont attendues à la fin du mois de mars.
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