C’EST LE 25 MAI dernier qu’a été publié au Journal Officiel le décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute. L’aboutissement d’un long combat pour le député Bernard Accoyer, qui aura mis onze ans pour faire voter ce texte. « Une avancée considérable (…) pour le droit des malades, le droit à l’information pour ceux qui ont recours à des psychothérapies », indiquait, lors de la sortie du texte, celui qui est aujourd’hui président de l’Assemblée nationale.
Vice-président de l’Association française de psychiatrie et du syndicat des psychiatres français, le Dr François Kammerer est lui nettement plus réservé sur ce décret. « On peut d’abord regretter que les syndicats n’aient pas été consultés pour la rédaction de ce texte qui, globalement, est mal équilibré », souligne-t-il.
Le décret prévoit qu’une personne souhaitant utiliser le titre de psychothérapeute devra être inscrite sur un registre départemental qui pourra être consulté par les patients. Pour s’y inscrire, elle devra avoir suivi une formation en psychopathologie clinique d’au minimum 400 heures, délivrée dans un établissement public ou privé agréé par les pouvoirs publics. Elle devra également suivre un stage pratique d’une durée minimale de cinq mois. Les psychiatres seront dispensés de cette formation et pourront donc automatiquement s’inscrire sur le registre. Les psychologues devront suivre deux mois de stage et 150 heures de formation théorique pour les cliniciens, 300 heures pour les non-cliniciens. Quant aux psychanalystes, régulièrement inscrits dans leurs annuaires, ils se verront imposer 200 heures de formation et deux mois de stage pour utiliser le titre de psychothérapeute. À noter qu’une certaine souplesse a été prévue pour les professionnels déjà en exercice et pouvant justifier d’au moins cinq ans de pratique de la psychothérapie. Ils pourront être inscrits sur le registre, par dérogation, après avoir fait valider leur expérience devant une commission composée de psychiatres, de psychanalystes ou de psychologues.
Une formation insuffisante.
Reste le cas des médecins non psychiatres. Au cours des dernières années, un certain nombre de psychiatres avaient fait part de leur préoccupation face à la possibilité laissée, au nom de l’omnivalence du diplôme de docteur en médecine, à n’importe quel praticien de se lancer dans la pratique de la psychothérapie. Les médecins non psychiatres, par exemple les généralistes, devront donc suivre 200 heures de formation et deux mois de stage pour s’inscrire sur le registre. « Exiger seulement deux mois de stage et 200 heures de formation, cela me semble notoirement insuffisant, surtout s’il s’agit de faire des psychothérapies structurées, estime le Dr Kammerer. Nous sommes bien conscients que nous ne pourrons pas à nous seuls faire face à la montée en charge des soins psychiques qui, comme le prévoit l’Organisation mondiale de la santé, sera très importante dans les prochaines années dans les démocraties occidentales. Mais en l’état, ce décret risque d’entraîner une déqualification de la psychothérapie et même d’une partie de la psychiatrie ».
Le Dr François Kammerer note quand même un point positif. « Le décret consacre une fonction psychothérapique des psychiatres qui était un peu battue en brèche. Aujourd’hui, on a surtout tendance à considérer la psychiatrie en terme de coût pour le système de santé. Introduire cette dimension psychothérapique peut avoir un bénéfice au niveau social, en permettant une limitation des prescriptions de médicaments et d’arrêts de travail », souligne-t-il, en rappelant que, en juin, le bureau du Collège national universitaire de psychiatrie (CNUP) a validé « l’importance d’une formation psychothérapique « généraliste » destinée à l’ensemble des psychiatres et leur permettant d’assumer une prise en charge psychothérapique « de base » ».
Le CNUP ajoutait alors : « Parallèlement, et en complément de cette formation généraliste, les universitaires de psychiatrie sont en train de formaliser différents parcours de formation à des psychothérapies spécifiques, qu’il s’agisse de psychothérapies psychanalytiques, comportementales et/ou systémiques, individuelles et/ou familiales.
Là encore, le modèle est celui de l’intégration de la théorie et de la pratique avec supervision de cas et acquis théoriques. La maquette définitive du parcours de formation en psychothérapie n’est pas finalisée. Elle le sera au vu des discussions avec les représentants du Ministère au sujet de la durée de l’internat et au vu des discussions avec les représentants des internes.
D’ores et déjà, les universitaires de psychiatrie valident collectivement le fait que tout parcours d’interne fait l’objet d’une formation à la psychothérapie et que la réalité et la pertinence de cette formation sont vérifiées en fin de cursus par les universitaires responsables de la discipline ».
D’après un entretien avec le Dr François Kammerer, vice-président de l’Association française de psychiatrie et du syndicat des psychiatres français.
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