« À l’appel d'Agnès Buzyn en faveur de l’innovation organisationnelle, nous répondons chiche ! », lance le Dr Patrick Bouillot, endocrinologue et président du conseil territorial de santé (CTS) de la Nièvre. C’est sous son impulsion que se sont tenus, la semaine dernière, les premiers états généraux de la santé dans ce département sinistré en matière médicale.
Objectif : alerter mais surtout proposer des actions innovantes et durables, au moment où le gouvernement mise sur les acteurs de terrain – notamment libéraux – pour réorganiser l'offre de soins et la prise en charge à l'échelle d'un territoire.
Pénurie
En matière d'offre de soins, la Nièvre est confrontée à plusieurs défis. En médecine générale, les effectifs (libéraux, salariés ou mixtes) ont chuté de 24,9 % entre 2007 et 2016. Sur la même période, c'est pire encore dans certaines spécialités : -25 % pour les ophtalmos, -44 % pour les psychiatres, -43 % pour les dermatologues, etc. 58 % des spécialistes ont plus de 55 ans.
Parallèlement, les élus locaux craignent la fermeture des urgences nocturnes de l'hôpital de Clamecy, alors qu’une maternité privée à Cosne-sur-Loire a cessé son activité le mois dernier. Présente lors de la séance plénière, Agnès Buzyn a partagé le constat d’une « situation grave et ancienne de pénurie ». Selon l’instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (Ireps), sur les 520 décès avant l’âge de 65 ans enregistrés en moyenne chaque année dans la Nièvre, 150 pourraient être évités par une réduction des comportements à risque et des addictions et 76 par une amélioration des prises en charge.
Confrontés à ce constat, praticiens, élus et usagers ont affirmé leur volonté de se saisir du nouveau fonds national pour l’innovation (créé par la loi de financement de la Sécu). « Nous voulons que la Nièvre devienne un terrain officiel d’expérimentation avec un cadre réglementaire adapté pour développer des innovations et des moyens humains et financiers », souligne le Dr Patrick Bouillot.
Des outils, pas de solutions miraculeuses
Pendant deux mois, des groupes ont planché sur des propositions touchant à l’attractivité du territoire, l’organisation de l’offre de soins et l’accompagnement médico-social. Pour le maire de Nevers, Denis Thuriot, la priorité reste de « donner envie aux médecins de s’installer ici. Nous ne voulons pas être une terre de mission, mais une terre d’adoption ». Deux dispositifs, baptisés CALI (cellule d’appui à l’installation) et WIN (Welcome in Nevers), ont été mis en place pour accompagner les nouveaux arrivants – de l’hébergement au financement. Autre piste : orienter les étudiants du CHU de Clermont-Ferrand vers Nevers. « Il s’agit de leur permettre de découvrir le territoire pour qu'ils envisagent de s’y installer », explique Isabel Burbaud, directrice adjointe du CH de l’agglomération de Nevers.
Mais les états généraux vont plus loin, en particulier dans la généralisation des délégation de tâches. « L’objectif est de réenchanter la pratique médicale », commente le Dr Bouillot. Le dispositif Asalée (Action de santé libérale en équipe), qui permet à des infirmières d'assurer le suivi de patients âgés, diabétiques, cardiaques et tabagiques, existe dans plusieurs maisons de santé. L'idée est de bâtir une stratégie départementale.
Tous les leviers du plan gouvernemental sur l'accès aux soins sont déclinés dans la Nièvre : cumul emploi/retraite avec un recensement des praticiens proches de la retraite ; création prioritaire de postes d'assistants partagés entre l'hôpital et la ville ; consultations avancées de généralistes et spécialistes ; création de maisons de santé pluridisciplinaires, à l’image de celle qui ouvrira prochainement à Nevers ; généralisation du contrat de médecin-adjoint aux zones sous-denses (qui permet à un interne en attente de thèse d'aider un médecin en zone fragile)... Autant d'outils à déployer au cas par cas, même si, pour le Dr Patrick Bouillot, il n’existe pas « de solutions miraculeuses ».
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