Cent mille jeunes électeurs à conquérir

Étudiants et internes donnent de la voix dans le débat présidentiel

Publié le 15/03/2012
Article réservé aux abonnés

DE NOMBREUX acteurs du monde de la santé se sont exprimés ces dernières semaines pour expliquer leurs préoccupations en cette période propice au recueil de doléances. Après leurs aînés des syndicats seniors, les 100 000 étudiants et internes en médecine veulent faire entendre leur voix dans les débats préélectoraux. L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) et l’Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH) viennent de rendre publique une plateforme dans laquelle ils formulent quinze propositions à destination du prochain locataire de l’Élysée. Dans ce document d’une cinquantaine de pages, carabins et internes réaffirment leur attachement inébranlable à la liberté d’installation. « Nous avons adressé nos propositions à l’ensemble des candidats que nous avons tous rencontrés, indique Pierre Hamann, président de l’ANEMF. Car même si le débat est un peu noyé sur la question de l’accès aux soins, le sujet reviendra à l’occasion des élections législatives les 10 et 17 juin. » Les futurs médecins plaident pour que les mesures incitatives soient pérennisées, qu’il s’agisse du guichet unique d’aide à l’installation, du contrat d’engagement de service public (CESP), ou des maisons de santé. Ils réclament des garanties pour maintenir la qualité de leur formation à commencer par l’augmentation du nombre d’enseignants resté bloqué depuis 1996 alors que le numerus clausus a doublé sur la même période. L’ouverture de stages en cabinets de ville ou en cliniques ainsi que l’amélioration des conditions de logement et de transport pour les stages en zones sous dotées leur semblent également indispensables pour rendre leur cursus plus professionnalisant.

Pour le respect du repos de sécurité

Étudiants et internes souhaitent une diversification des épreuves classantes nationales (ECN) qui ne sont pas jugées suffisamment discriminantes à leurs yeux. De même, tous les carabins doivent, selon eux, bénéficier d’un stage en médecine générale pendant le 2e cycle, mais aussi d’enseignements spécifiques à la coopération interprofessionnelle et à la gestion de l’entreprise médicale. « Chaque faculté organise des séminaires sur l’installation mais la gestion du cabinet n’est pas suffisamment abordée pendant notre cursus, confie Charline Boissy, présidente de l’ISNAR-IMG. Cet aspect peut faire peur et empêcher des internes de franchir le pas de l’installation. » Pour sécuriser leur apprentissage, les trois organisations demandent l’application systématique du repos de sécurité instauré il y a dix ans pour les internes et son extension aux étudiants, mais aussi un encadrement juridique des astreintes. « Certains internes de spécialités chirurgicales et médicales sont obligés de retourner sur leur terrain de stage au lendemain de leurs gardes, déclare François Petitpierre, qui préside l’ISNIH. Ils le font pour assurer leur future carrière. C’est un moyen de pression pour quelques patrons qui sélectionnent les candidats à certains postes»

Les syndicats de jeunes auront l’occasion de débattre demain de ces sujets avec Jean-Marie Le Guen et Philippe Juvin, respectivement conseillers santé du PS et de l’UMP, à l’occasion d’un congrès organisé à Nancy par l’ANEMF.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9099