Dans le milieu de la pneumologie, on les appelle la « génération sacrifiée ». « Ce terme fait référence à ces gens qui étaient internes entre 1984 et 1988. À l’époque, le Diplômes d’études spécialisées complémentaires (DESC) de cancérologie n’existait pas. Même avec la meilleure volonté du monde, ces internes n’ont donc jamais pu l’obtenir », constate le Pr Élisabeth Quoix, professeur de pneumologie et responsable de pôle au CHRU de Strasbourg. « Ensuite, il y a le cas des internes qui sont arrivés après 1988 et jusqu’à la fin des années 1990. Pour eux, la situation a été assez variable d’une région à l’autre. Dans certains endroits, il y a eu parfois une certaine réticence de l’oncologue, responsable du DESC de cancérologie, pour inscrire ces internes de pneumologie », ajoute-t-elle.
Résultat, un nombre relativement important de pneumologues en France n’est pas titulaire de ce DESC et ne peut plus faire de primoprescriptions de chimiothérapie. Depuis un décret de 2007, en effet, cette prescription est réservée aux oncologues médicaux ou aux spécialistes d’organes ayant une reconnaissance ordinale de leur compétence en cancérologie ou titulaires d’un DESC de cancérologie. Pour les praticiens, qui ont une pratique de la cancérologie mais n’ont pas pu obtenir leur DESC, une mesure de Validation des acquis de l’expérience (VAE) a été mise en place en 2012. Cette VAE permet d’obtenir une équivalence de DESC de cancérologie groupe 1. « D’une région à l’autre, là encore, il y a eu certaines différences dans la délivrance de cette VAE qui nécessitait la présentation d’un dossier très pointu. Peut-être certains collègues n’ont pas suffisamment accordé d’attention à la préparation de ce dossier. Je sais que d’autres, qui avaient a priori toute la compétence pour obtenir cette VAE, ne l’ont pas obtenue », indique le Pr Quoix qui, sans vouloir nourrir de polémique, regrette qu’aucun spécialiste d’organe ne figurât dans les jurys, « même à titre consultatif ».
Sinon, le Pr Quoix se félicite de la sortie, en novembre, de l’enquête conduite par l’Institut national du cancer (InCA) avec la Fédération nationale des spécialistes d’organes en oncologie (FNS2O). Selon cette étude, 805 pneumologues (71 % de la profession) déclarent avoir une pratique de la cancérologie. Et 504 pneumologues (44 %) déclarent une pratique de primoprescription de chimiothérapie. « En fait, une nouvelle fois, on se rend compte que la situation est très variable et dépend en grande partie de l’intérêt que portent à la cancérologie les pneumologues, en particulier ceux des CHU. Dans ma région par exemple, l’Alsace, nous avons suffisamment de pneumologues pour prendre en charge les cancers thoraciques qui, de ce fait, sont très peu soignés par les oncologues médicaux. Dans d’autres régions où les CHU manifestent un intérêt moindre pour cette activité, les centres de lutte contre le cancer accueillent une grande partie des patients ».
Globalement, le Pr Quoix estime que le rôle des pneumologues reste essentiel dans la prise en charge de ces cancers. « Aujourd’hui, il n’y a pas suffisamment d’oncologues médicaux pour prendre en charge tous les cancers thoraciques. Certes, il faut reconnaître que, grâce l’InCA, le nombre de postes d’internes en oncologie médicale a sensiblement augmenté ces dernières années. Mais malgré tout, à l’avenir, les pneumologues seront toujours aussi indispensables pour traiter ces patients ».
D’après un entretien avec le Pr Élisabeth Quoix, professeur de pneumologie et responsable de pôle au CHRU de Strasbourg.
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