Après les 60 premiers internes accueillis dans des cliniques

La FHP invite le gouvernement à poursuivre l’ouverture de la formation au privé

Publié le 05/06/2012
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APRÈS des années de bataille, une soixantaine d’internes ont été accueillis pour la première fois en stage dans des cliniques à la suite de la loi Bachelot. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) milite pour que la formation s’ouvre davantage encore au privé. Elle l’a rappelé lors d’un récent colloque organisé à Paris auquel ont pris part internes, chefs de clinique et médecins des secteurs publics et privés.

Alors que la nouvelle équipe gouvernementale défait ses derniers cartons, d’aucuns redoutent que ce volet spécifique « formation » de la loi HPST soit remis en question par le ministère de la Santé.

La première visite officielle de Marisol Touraine à Hôpital Expo et la priorité donnée aux missions de service public de l’hôpital - dont fait partie la formation - est perçue comme une menace. Le président de la FHP, Jean-Loup Durousset, a donc envoyé un signal clair aux pouvoirs publics : « La FHP regroupe 1 300 établissements et accueille chaque année 8 millions de personnes, 45 000 praticiens exercent dans nos structures ; nous sommes donc légitimes pour aborder la question de la formation des médecins ».

Exercice différent.

L’ouverture de la formation au privé paraît incontournable. « Nous rencontrons des difficultés de formation consécutifs à la hausse du numerus clausus ces dernières années, explique François Petitpierre, président de l’Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH). Cette année, 21 076 internes sont en formation. Ils seront 26 912 en 2016 et près de 28 000 en 2020 ».

« L’accueil des internes en cliniques ne doit uniquement découler de la saturation des facultés, souligne Julien Adam, président de l’Intersyndicat national des chefs de clinique assistants (ISNCCA). Les stages dans le privé permettent de découvrir un mode d’exercice différent de l’hôpital. » Ce sentiment est partagé par le Dr Rachel Bocher. « Nous pouvons au cours de notre carrière passer du public au privé ou inversement. Il est donc intéressant d’offrir à l’interne un parcours médical le plus divers possible pendant la formation », affirme la présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH).

Les professionnels reconnaissent que pour certaines spécialités pointues, notamment chirurgicales, le recours au secteur privé est utile. « Un certain nombre de gestes techniques ont été développés dans le milieu privé comme la cœlioscopie », indique le Dr Jean-François Rey, président de l’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-CSMF), selon qui la formation doit également pouvoir s’acquérir dans des cabinets de médecins spécialistes libéraux.

Couacs en chirurgie.

Le bilan des premiers stages en clinique privée est satisfaisant. Les internes restent toutefois sur leurs gardes : « Les demandes d’ouvertures de stages doivent émaner de l’autorité médicale et non être imposées par le directeur de l’établissement », souligne François Petitpierre. Le gros point noir concerne les rares stages ouverts cette année en chirurgie. Les internes qui y ont eu accès n’ont en effet pas pu opérer. « Si on ouvre des stages en chirurgie, c’est pour opérer, pas pour devenir agrégés de tenue de valve », ironise Jean-Christophe Faivre, porte-parole de l’ISNIH. Des chirurgiens tentent d’expliquer leurs réticences à laisser les internes opérer. « La formation en chirurgie libérale doit être exigeante pour des questions de responsabilité, explique le Dr Philippe Cuq, président de l’Union des chirurgiens de France (UCDF). À la différence d’un chirurgien à l’hôpital qui confie un geste à un interne, le senior dans le privé doit être présent du début à la fin. » Le respect des programmes opératoires est également avancé. « Les équipes ne lâchent pas encore assez le bistouri et cela va nécessiter quelques réglages mais nous allons apprendre en marchant », philosophe le Dr Jean-Luc Baron, chirurgien plasticien libéral et à la tête de la conférence des présidents de CME de l’hospitalisation privée.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9136