LES DOYENS ET LES ÉTUDIANTS en médecine redoutaient un puissant appel d’air provoqué par la création de la première année commune aux études de santé (PACES) qui regroupe depuis l’an dernier la médecine, l’odontologie, la maïeutique et la pharmacie. Un afflux massif qui aurait été impossible à gérer. Ils peuvent être rassurés. Selon les statistiques de l’Administration universitaire francophone et européenne en médecine et odontologie (AUFEMO), ce sont exactement 54 178 étudiants qui ont pris place sur les bancs des facultés en PACES. Ils sont 2 % de moins que l’an dernier. Lors de la précédente année universitaire, le nombre d’inscrits avait déjà baissé de 4,3 %. En totalisant les étudiants de l’ex PCEM1 et de première année de pharmacie, ils étaient 58 870 inscrits lors de l’année universitaire 2009-2010.
Deux facultés enregistrent une hausse importante d’étudiants en première année : Amiens (+23,2 %) et Saint-Denis de la Réunion (+33 %). À Limoges (+8,4 %), Montpellier-Nîmes (+7,3 %) et Paris XII (+7 %), l’évolution est modérée. Dans la majorité des facultés, le nombre d’inscrits stagne. En revanche, à Paris XI (-33,5 %), Brest (-17,3 %), Tahiti (-16 %), Rouen (-14,4 %) ou Tours (-13,8 %), les effectifs se sont dégonflés davantage que la moyenne nationale.
L’effet des séries TV est passé.
Selon le Pr Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens, cette baisse (relative) s’explique principalement par la perte d’attractivité des études de pharmacie. « Beaucoup d’officines sont en difficulté et les étudiants hésitent à s’engager dans des études longues », analyse-t-il.
La médecine serait-elle aussi devenue un peu moins attractive ? Il serait excessif de l’affirmer. Pour Olivier Duranteau, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) en charge de la démographie médicale, les séries télévisées américaines « Urgences », « Dr House » ou
« Grey’s Anatomy » n’ont plus le même effet sur les jeunes générations. « Je pense que les étudiants sont davantage sensibilisés à la difficulté de cette première année, explique-t-il. Il y a peut-être aussi une meilleure orientation des bacheliers ».
Cette décrue des effectifs n’est pas pour déplaire aux doyens. Ces derniers doivent assurer la formation de promotions qui ont très sensiblement augmenté ces dernières années avec un numerus clausus supérieur à 7 000 depuis 2007. À tel point que le débat autour d’une sélection à l’entrée des études médicales refait son apparition. La Conférence des présidents d’université (CPU) vient de tenir une réunion sur la question. La sélection à l’entrée de la PACES sera également en débat les 8 et 9 décembre prochains lors des états généraux de la formation médicale organisés par la Conférence des doyens à Bobigny. L’idée gagne du terrain chez les responsables universitaires. Sera-t-elle acceptée un jour par les étudiants ?
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