EN 2015, LES ÉTUDIANTS passeront-ils les épreuves classantes nationales (ECN, ex-concours de l’internat) derrière un ordinateur dans leur faculté de médecine ? Un groupe de travail de la commission pédagogique nationale des études de santé, qui réunit les représentants des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, le Centre national de gestion (CNG), des doyens et des étudiants, planche sur la question. Le sujet, sensible, a été abordé lors des états généraux de la formation initiale, qui se déroulaient la semaine dernière à Bobigny. Le Pr Jean-Michel Rogez, président du Centre national du concours de l’internat (CNCI), souligne l’urgence d’une réforme. « Les ECN sont une épreuve pour les étudiants et pour les correcteurs, déclare-t-il. Entre leur création en 2004 et 2011, le nombre de candidats a été multiplié par trois. Or les moyens pour faire passer les dossiers sont restés les mêmes ».
Patatras. Ce qui devait arriver arriva. Le 2 juin 2011, les candidats ont été contraints de repasser à deux reprises l’épreuve de lecture critique d’article (LCA). « Le problème des ECN, c’est qu’elles classent
7 800 étudiants en 400 points (sur un total de 1 000 points). Il faut arrêter les bêtises, affirme le Pr Rogez. Les épreuves doivent être suffisamment nombreuses et de niveau varié pour classer les étudiants ».
Pour éviter toute intervention humaine lors de la correction et assurer l’équité des candidats, le doyen nantais défend l’informatisation des épreuves, « à correction automatique, avec classement immédiat ». « Tout est possible en docimologie, ajoute-t-il. Il faut classer 10 000 étudiants en 15 000 points ».
Un nouveau test « super classant ».
Le groupe de travail s’est déjà réuni à quatre reprises sur ce sujet. Mais le doyen Rogez assure à l’assistance, composée majoritairement d’étudiants, qu’aucune décision n’est arrêtée.
La réforme à l’étude porte aussi sur le fond des épreuves. Pour réaménager les ECN, aujourd’hui composées de neuf dossiers cliniques et d’une épreuve de LCA, plusieurs pistes sont à l’étude : les questionnaires à choix multiple (QCM) ou les "QROC", questions à réponse ouverte courte. Mais le concept qui a aujourd’hui la faveur des doyens est le test de concordance de script (TCS) qui a « le mérite d’être super classant ». Le TCS repose sur les données de la recherche et sur le raisonnement du candidat. « On peut évaluer les capacités de prise de décision en contexte d’incertitude », indique le Pr Louis Sibert, de la faculté de Rouen. Les modalités : les étudiants et un panel d’experts sont soumis à un cas clinique. Les étudiants font leur choix parmi plusieurs propositions. Ils sont ensuite notés selon l’échelle de Likert, qui attribue à l’étudiant une note en fonction de la fréquence du choix des experts. Si l’étudiant répond comme la majorité du panel, il a un point. Sinon, sa note est proportionnelle au choix des experts entre 0 et 1.
« Jusqu’en 2014, les étudiants passeront les ECN à l’ancienne, explique le Pr Rogez. Nous espérons avoir en 2015 des épreuves informatisées. Il faut que les étudiants puissent passer ces épreuves dans leur ville d’origine ». L’objectif des doyens est désormais de finaliser rapidement la réforme afin de « donner les informations pour le 1er septembre 2012 ». « Nous espérons mettre en place des examens blancs en 2013 et 2014 pour tester le dispositif avant 2015 », conclut le Pr Rogez.
Les doyens soutiennent cette initiative. « L’informatisation des ECN présente plusieurs avantages, commente le Pr Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens. D’un point de vue pédagogique, elle permet d’amener l’étudiant à établir un diagnostic de manière plus intéressante, avec des images de bonne qualité, par exemple. Par ailleurs, l’informatisation permettra d’éviter les grandes migrations des candidats dans les centres d’examen interrégionaux. »
Comment les carabins accueillent-ils ce projet ? « Nous sommes favorables à une réforme rapide des ECN et à une amélioration des modalités pédagogiques comme les tests de concordance de script, affirme Pierre Hamann, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Mais nous voulons des garanties sur la fiabilité technique des logiciels ». Les étudiants gardent un mauvais souvenir du choix chaotique des postes d’internat, en septembre, qui était pour la première fois informatisée.
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