LA FORMATION constitue un enjeu majeur de l’avenir de la médecine de proximité. Élisabeth Hubert l’a écrit dans le rapport qu’elle a remis à Nicolas Sarkozy. Le chef de l’État l’a affirmé en décembre lors de sa visite dans un cabinet médical de Basse-Normandie. Nora Berra n’en a pas dit moins lors de la première réunion de concertation organisée au ministère de la Santé la semaine dernière.
La secrétaire d’État à la Santé souhaite que tous les étudiants réalisent un stage de médecine générale pendant le 2e cycle de leurs études, stage pourtant obligatoire depuis 1997. Elle a annoncé que le nombre de maîtres de stage – 3 500 actuellement – serait doublé d’ici la fin de l’année 2012. Il doit augmenter de 20 % en 2011. Afin de revaloriser la fonction, les maîtres de stage participeront aux conseils de gestion des universités et pourraient disposer du titre de « maître de stage auprès des universités ». Ces annonces sont reçues favorablement par les généralistes enseignants dont les représentants étaient présents à la séance de concertation. « Il y a des prémices de la bonne volonté gouvernementale, déclare le Dr Sébastien Leruste, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG). Nous attendons maintenant des actes. »
Parent pauvre.
En dépit de ces annonces, la filière universitaire de médecine générale reste un parent pauvre de l’université. Avec seulement 178 enseignants pour 8 299 étudiants, 20 professeurs titulaires contre 5 562 pour les autres spécialités, 69 chefs de clinique contre 3 630 pour les autres spécialités (autant de chiffres communiqués par le SNEMG), la discipline n’a pas gagné tous les galons que devait lui valoir la création de son diplôme d’études spécialisées (DES) en 2004. Elle demeure une option au sein de la sous-section 53-01 du Conseil national des universités. Les chefs de clinique et les maîtres de stage n’ont pas de statut universitaire même si cela pourrait changer pour ces derniers, à en croire les déclarations ministérielles. Doubler le nombre de maîtres de stage en deux ans paraît bien utopique alors que les campagnes de recrutement lancées par les associations d’étudiants et d’internes de médecine générale organisées depuis deux ans ont eu un succès limité. Le Dr Leruste veut pourtant croire que c’est possible. « Cet objectif est réaliste si l’on s’en donne les moyens, si l’on valorise la fonction avec un statut d’enseignant clinicien ambulatoire (ECA) et une reconnaissance universitaire, dit-il.
Le SNEMG réclame par ailleurs une revalorisation des honoraires pédagogiques de 15 % des maîtres de stage, fixés à 600 euros mensuels pour l’accueil d’un interne et de 300 euros par mois pour l’accueil d’un externe à mi-temps. Les généralistes enseignants demandent également une bonification (x1,5) des honoraires lorsqu’ils reçoivent un externe. Enfin, ils veulent bénéficier de formations pédagogiques financées. « Lors de la campagne de recrutement des maîtres de stage en avril, nous avons obtenu une rallonge budgétaire dont une partie a été distribuée aux universités – près de 300 000 euros – dans le but de financer et d’indemniser les formations pédagogiques des maîtres de stage. Je n’ai pas eu connaissance que cet argent ait été utilisé en 2010 », déclare le Dr Leruste.
Les généralistes enseignants attendent dorénavant de voir la tournure que vont prendre les prochaines réunions avec les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur. Ils sauront alors si les moyens déployés pour développer la filière universitaire sont à la hauteur des ambitions affichées par le gouvernement.
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